Jo WALTON
Morwenna (traduit par Luc Carissimo)
Editions France Loisirs, 2015
446 pages
Présentation de l’éditeur
Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghust, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privé à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Loin de son pays de Galles natal, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres, notamment des livres de science-fiction. Samuel Delany, Roger Zelazny, James Tiptree Jr, Ursula K. Le Guin et Robert Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Alors qu’elle commence à reprendre du poil de la bête, elle reçoit une lettre de sa folle de mère : une photo sur laquelle Morganna est visible et sa silhouette à elle brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de se battre.
Morwenna prend la forme d’un journal intime. La jeune fille y parle de son quotidien : son arrivée dans cette école privée, la famille de son père qui l’a recueillie, les différences entre l’Angleterre – son paysage clôturé – et les différences qu’elle constate avec son Pays de Galle natal – plus sauvage et aux fées peu farouches. Petites, elle et sa soeur avaient l’habitude de les voir, de converser avec elles et même de faire des choses pour elles. C’est aussi en tentant de contrecarrer les plans de leur mère, folle et un peu sorcière, que l’accident a eu lieu. A l’école, elle doit trainer sa jambe douloureuse, le souvenir de sa soeur, son aversion pour les règles absurdes, au milieu des moqueries des autres. Heureusement, il y a la lecture, la bibliothèque et tous ces romans de SF qu’elle avale à la pelle.
C’est une forme de narration à laquelle on s’attend peu – un journal intime – dans une histoire où on nous annonce des fées et de la magie. Mais on est plus proche du récit de vie que de l’aventure fantastique. On suit Morwenna dans son intimité, ses réflexions sur la magie et peu à peu son évolution. Et si les fées et la magie sont bel et bien présentes, c’est le parcours de Morwenna qui fait le sel de ce roman. J’ai regretté que, sous cette forme, le climax tombe un peu à plat, et soit moins intense que ce que promettait la quatrième de couverture. Je n’ai pas tellement ressentie de montée en tension dans l’intrigue, comme on aurait pu s’y attendre à cause de la menace que constitue la mère de Morwenna. En revanche, c’est très intéressant et très agréable de la voir s’adapter à son environnement, trouver dans son école des coins ou des moments de liberté. Elle évolue aussi dans sa vision sur sa famille, son histoire ou les personnes qui l’entourent.
Il y a beaucoup de passage sur ses lectures. Beaucoup de ses journées vont tourner autour des livres : ceux qu’elle va acheter ou emprunter, ceux qu’elle lit. Le roman se déroule en 1975 et c’est un bel aperçu de la littérature de science fiction ou de fantasy de l’époque, de Tolkien à Zelazny, en passant par Le Guin et beaucoup d’autres que je ne connaissais pas. D’ailleurs, au moment où le roman est sorti, un blogueur a listé tous les romans et un autre a organisé le challenge Morwenna’s list, pour lire une partie des ouvrages mentionnés dans le roman.
En conclusion, à part ce manque de tension et d’intensité dans les moments de menace ou d’action, j’ai beaucoup aimé ce roman. C’est l’évolution de l’héroïne qui importe, que les difficultés qu’elle a à surmonter soient d’ordre magique ou quotidien – sa relation aux autres, sa jambe douloureuse, etc. Ce roman est aussi, d’une certaine manière une ode aux livres, au roman de SF et ce qu’ils peuvent nous apporter, ainsi qu’une ode au prêt entre bibliothèques !
J’ai tellement aimé ce roman ! :)
Je comprends pourquoi !