Stone Rider – David Hofmeyr

 

 

 

 

David HOFMEYR
Stone Rider (traduit par Alice Marhand)
Editions Gallimard Jeunesse, 2015
311 pages

Présentation de l’éditeur

Seuls les plus forts survivront.

Adam Stone veut la liberté et la paix. Il veut une chance de s’échapper de Balckwater, la ville désertique dans laquelle il a grandi. Mais plus que tout, il veut la belle Sadie Blood.

Aux côtés de Sadie et de Kane – un Pilote inquiétant -, Adam se lance dans le circuit de Blackwater, une course à moto brutale qui les mettra à l’épreuve, corps et âmes.

La récompense ? Un aller simple pour la Base, promesse d’un paradis.

Et pour cette chance d’une nouvelle vie, Adam est prêt à tout risquer…


Stone Rider prend place dans un monde dystopique indéterminé. Blackwater est une ville tenue par le Colonel – un chef, un despote ? un véritable officier d’armée ? – qui impose à chacun de travailler dans les mines proches de la ville dont sont extraits des minéraux précieux. La seule façon d’y échapper est de participer à des courses de békanes. Des courses longues, dangereuses, éprouvantes et violentes, mais qui offrent un aller simple à une sorte de paradis situé dans l’espace en orbite autour de la Terre.

Adam Stone hésite d’abord à s’inscrire au circuit de Blackwater. Il est amoureux de Sadie Blood, vit avec son frère, estropié lors d’une précédente course de békane, alors que leur père est mort – s’est suicidé ? – dans le lac de Blackwater. C’est de lui qu’il a hérité sa békane. Ces machines répondent à l’empreinte d’une même famille, ainsi elles se transmettent de parents à enfants. Mis au pied du mur par la violence de Levi Blood, fils du colonel et frère de Sadie, il n’a d’autres choix que de participer à la course. Avec en tête les recommandations de son frère : ne faire confiance à personne.

La vie à Blackwater, c’est parcourir des rues poussiéreuses à békane sous la vigilance des robots du maintien de l’ordre, se méfier des différences clans de pilotes qui se battent à coup de fronde, sur une terre désertique et ravagée. Et les békanes sont les seuls objets susceptibles d’apporter une forme de liberté dans un quotidien dur et misérable. Il y a quelque chose d’assez fascinant à lire ces scènes de courses ou d’acrobaties à békane. C’est effréné et virtuose. Pour le reste, l’univers fait tout de suite penser à Mad Max (qu’il faudrait que je regarde un jour), ou à Jeremiah (pour un référence que je connais un peu mieux) : un monde dystopique, étrange et surtout très violent. C’est un univers de biker, jeunes ou moins jeunes, mais qui évoque tout de suite des courses en ligne droite dans des paysages qui s’étendent à perte de vue.

Ça nous donne une lecture trépidante, avec un bon rythme, de l’action, et du suspens. Tous les ingrédients sont là pour accrocher le lecteur, faire passer un bon moment, et nous faire frétiller d’impatience dans l’attente de la ligne d’arrivée. Il m’aura juste manqué un peu de background, quelques explications supplémentaires sur cette ville, son fonctionnement, le reste du monde, plutôt que de rester centré sur Blackwatter, avec simplement une brève évocation à ce paradis que tous cherchent à atteindre. Stone Rider est une lecture surprenante pour un livre dont je n’avais pas du tout entendu parlé, mais dont la suite m’intrigue beaucoup !

La Passe-Miroir, 1. Les Fiancés de l’hiver – Christelle Dabos

Ce roman, qui a remporté le premier concours du premier roman de Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama, a beaucoup fait parler de lui au moment de sa sortie. Et pour cause : ce fut une véritable évasion !

 

 

Christelle DABOS

La Passe-miroir, 1. Les Fiancés de l’hiver

Editions Gallimard Jeunesse, 2013

517 pages

 

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d’une grande saga fantastique et le talent d’un nouvel auteur à l’imaginaire saisissant.


Dans ce roman, le monde est constitué d’arches, chacune ayant des traditions et un fonctionnement différent, et chacune ayant doté leurs habitants de pouvoirs. Ophélie est née sur Anima, et comme tous les habitants de cette arche, elle possède des dons qui lui permettent d’agir sur les objets. En l’occurrence, elle est une liseuse : elle peut lire le passé des objets en les touchant ; et une passe-miroir : elle est capable de passer d’un endroit à un autre en passant à travers les miroirs. Sa vie tranquille est bouleversée quand les autorités d’Anima lui impose un mariage arrangé avec un homme d’une autre arche. Elle n’a d’autres choix que d’accepter, au risque d’être exilée d’Anima. Le Pôle est une arche glacée, dons le système, violent et dangereux, oppose plusieurs clans dans une lutte pour le pouvoir (politique). Son fiancé, Thorn, est à l’image de l’arche : glacé, taiseux et définitivement indifférent au sort de sa promise. Ophélie se frotte aux intrigues de la Cour du Pôle, sans comprendre ce qu’on attend d’elle, cachée le temps de ses fiançailles, et bien déterminée à ne rien ressentir pour Thorn.

Les Fiancés de l’hiver est un roman qui m’a vraiment enthousiasmée. Comprendre : je l’ai terminée en trépignant des étoiles pleins les yeux, « tropbientropbientropbien… » s’échappant de ma bouche comme une litanie. Ce fut une vraie évasion (mentale), pour la simple raison que ce monde, le monde créé par Christelle Dabos est complet, fascinant et habité. Il vit, il s’anime par de nombreux détails que l’auteure a disséminé dans son roman. Ainsi, les objets son presque vivants sur Anima, ils ont un caractère et il est possible d’influer leurs psychologie. Et cette immersion commence dès les premières lignes :

On dit souvent des vieilles demeures qu’elles ont une âme. Sur Anima, l’arche où les objets prennent vie, les vieilles demeures ont surtout tendance à développer un épouvantable caractère.

Le bâtiment des Archives familiales, par exemple, était continuellement de mauvaise humeur. Il passait ses journées à craqueler, à grincer, à fuir, à souffler pour exprimer son mécontentement. Il n’aimait pas les courants d’air qui faisaient claquer les portes mal fermées en été. Il n’aimait pas les pluies qui encrassaient sa gouttière en automne. Il n’aimait pas l’humidité qui infiltrait ses murs en hiver. Il n’aimait pas les mauvaises herbes qui revenaient envahir sa cour chaque printemps.

Mais par dessus tout, le bâtiment des Archives n’aimaient pas les visiteurs qui ne respectaient pas les horaires d’ouverture.

Et aussi :

Sa main tâtonna sur la table de chevet, à la recherche de ses lunettes. Les verres cassés commençaient déjà à cicatriser, mais il leur faudrait plusieurs heures avant guérison complète. Ophélie les posa sur son nez. Un objet se réparait plus vite s’il se sentait utile, c’était une question de psychologie.

L’héroïne ne paie pas de mine, et elle est décrite loin des canons de beauté habituels. C’est une « petite souris grise » : petite, terne, discrète et réservée, cheveux devant les yeux, lunettes de myope, longue et vieille écharpe (vivante) autour du coup. Mais elle est tenace, volontaire et déterminée. Elle trace son chemin comme la passe-miroir qu’elle est (si ce bout de phrase vous paraît obscur, lisez le roman, vous comprendrez), malgré tout ce qu’on veut lui imposer. C’est vraiment super de la suivre.

Son alter ego, le mystérieux Thorn, son fiancé, est aussi un personnage troublant. Vu sa description, je l’imaginais raide et dégingandé, comme des marionnettes à la Tim Burton, filiforme et tranchant comme l’acier. C’est un personnage qui m’a aussi marquée.

Tout ceci culmine dans une intrigue haletante, entre complot politique, jeux de pouvoirs, secrets et (donc) révélations. Les jeux d’intrigues à la Cour du Pôle et l’enquête d’Ophélie pour comprendre ce dont elle est le jouet entretiennent le suspens, tout comme l’évolution des relations entre les personnages.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman, et pour moi son succès est complètement justifié et mérité. Je suis toujours un peu réticente quand un roman fait un tel buzz (je l’ai vu presque systématique sur les chaîne/blogs etc. que je suivais au moment de sa sortie). Mais j’ai fini par passer le pas et j’en suis très heureuse ! Si c’est aussi votre cas, essayez, lancez-vous ! (D’ailleurs, la version poche est sortie.) (C’était mon dernier argument pour vous convaincre de le lire, je vais m’arrêter là. Salut !)

Max – Sarah Cohen-Scali

Couverture - Max

Sarah COHEN-SCALI

Max

Editions Gallimard Jeunesse, 2013

468 page

Collection Scripto

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Présentation de l’éditeur

« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l’on verra en moi la premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l’enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d’autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer.

Heil Hitler ! »

Max est le prototype parfait du programme « Lebensborn » initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l’Allemagne puis l’Europe occupée par le Reich.

Une fable historique fascinante et dérangeante qu’on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.

Mon avis

Max est né le 20 avril 1936 à Steinhöring. Sa mère a été sélectionnée pour s’accoupler avec un officier SS et débuter le programme « Lebensborn » : la fabrique d’une jeunesse aux critères aryens soigneusement préservés. Il naît le jour de l’anniversaire d’Hitler et il est le prototype de l’aryen parfait. Cela fait de lui un enfant à part. Il ne sera pas adopté par de riches familles allemandes comme les autres enfants nés de cette manière. Il prend une place centrale dans le programme « Lebensborn » et aussi dans l’enlèvement d’enfants polonais par les troupes allemandes. On le verra intégrer des écoles pour les Jeunesses Hitlériennes, jusqu’à ce que la guerre arrive aux portes de Berlin.

Une fois que je me suis faite au parti pris de l’auteur qui consiste à nous confier les pensées d’un bébé qui pense comme un adulte un brin cynique, et qui a des valeurs nazies – parti pris qui fait alors froid dans le dos -, j’ai été plongée dans ce roman. C’est assez fascinant d’être dans la tête d’un enfant qui voit et assiste à des choses auxquelles il ne devrait même pas avoir conscience. Cependant, le personnage reste humain, et même s’il a une manière bien à lui d’exprimer ses doutes et sa tristesse, on se prend à souhaiter qu’il s’en sorte – physiquement et moralement. Il est très précoce, et il va vivre des trucs abominables. Il va quand même se trouver un grand frère étonnant et à s’y attacher.

L’auteur utilise un langage franc et cru, déjà adulte, malgré ce décalage avec l’âge de son personnage. L’enfant ne se remet jamais en question, il est trop jeune pour ça, et il faut alors se faire au fait de recevoir les faits bruts de pomme, sans recul ni filtre qui les rendrait pas plus acceptable, mais moins inhumains.

Cette plongée dans le programme d’idéologisation de la jeunesse allemande donne bien souvent la nausée – après tout, ça s’est vraiment passé. Ce roman décrit un aspect du nazisme dont on parle assez peu. En cours d’Histoire, au collège ou au lycée, quand on parle de l’Allamagne Nazie, on entend beaucoup parler de la Shoah, des aspects du totalitarisme. L’embrigadement de la jeunesse est évoqué sans qu’on y donne de détails. Ce roman nous plonge dans ces détails (les sélections sur des critères physiques, l’instruction, la discipline, etc.) et j’ai apprécié ce réalisme historique, même s’il est loin d’être réjouissant.

La collection Scripto des Editions Gallimard s’adressent aux adolescents à partir de 13 ans. Mais je ne peux m’empêcher de me dire que ce roman-là sera lu plus facilement et mieux compris par des plus vieux. Du haut de mes 22 printemps, j’ai trouvé ça dur, sans être vraiment choquée. J’ai été prise dans cette lecture au point d’avaler ces 470 pages en deux jours. Je conseille ce roman pour les personnes qui aiment lire sur cette période de l’Histoire. Le propos est dur, mais je le trouve éclairant. Et, mine de rien, on s’y attache, à Max.

Lu pour le Baby Challenge Jeunesse

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Rendez-vous albums de mai – La famille

Sophie Hérisson de Délivrer des livres propose chaque mois un rendez-vous thématique autour d’albums pour la jeunesse. Le thème du mois de mai est la FAMILLE !

Voici une sélection de quelques albums choisis pour ce thème (pour me rattraper des autres rendez-vous que j’ai manqué) :

Mon petit poussin vert

Couverture - Poussin vertde Adele SANSONE et Anke FAUST ; Editions Nord-Sud, 2010.

Présentation de l’éditeur :

Dans sa ferme, Otek coule des jours heureux. Pourtant il manque quelque chose à son bonheur : Otek voudrait être papa. Un matin, il trouve un œuf. C’est un œuf énorme, étrange, mais il décide de le couver. Un peu plus tard… Cric, crac ! De l’œuf sort un petit poussin vert qui n’est pas tout à fait le portrait de son père…

Mon avis :

Otek est un jar, célibataire et sans enfant. Jusque là, il aimait beaucoup jouer avec les poussins de la basse cour. Mais au moment où il a décidé de réaliser son rêve de devenir papa, aucune poule n’a accepté de lui fournir un oeuf pour qu’il le couve. Le chien de la ferme lui apporte alors le gros oeuf qu’il a trouvé. Quand son enfant naît, Otek est tout heureux et il est très fier d’être père, même si le poussin est vert et qu’il a des écailles à la place de plume. Mais les autres habitants de la basse cour lui font alors remarquer qu’il n’est pas vraiment un poussin. Le poussin vert se met alors à la recherche de son « vrai père ».

Cet album parle avec beaucoup de finesse et de tendresse sur la relation père-fils, l’adoption, l’intégration, la tolérance et le respect des différences. Je l’aime beaucoup. Les illustrations, à base de collage, montre bien la différence de pelage et de plumage qu’il y a entre Otek et son enfant. Et pourtant, ça ne les empêche pas de s’aimer avec beaucoup de tendresse !

Jujube

Couverture - Jujubede Anne Wilsdorf ; Editions Kaléidoscope, 1998.

Présentation de l’éditeur :

Quand Farafina tombe nez à nez avec un gros serpent sur le point de manger un bébé tout cru, elle n’écoute que son courage et tue le reptile. Et elle a une idée toute trouvée pour le bébé : elle le donnera à maman pour son anniversaire. Maman sera, c’est sûr, enchantée ! Les frères et les sœurs de Farafina – huit au total – partagent son enthousiasme. Mais Maman semble plutôt réticente….

Mon avis :

J’adore cet album ! On a dû me l’offrir quand j’étais petite et depuis, il n’a plus quitté ma bibliothèque. Je l’ai retrouvé avec grand plaisir quand je réfléchissais aux titres que je pourrais présenter pour ce rendez-vous.

Farafina a une famille très élargie. Huit frères et soeurs en tout ! Quand elle recueille le bébé, sa mère est d’abord réticente à la garder. Elle propose même de confier l’enfant à Tante Drosera qui veut un enfant depuis toujours. Mais Farafina proteste : Tante Drosera a trop mauvais caractère ! Mais les parents sont déterminés. Pourtant, ce bébé, il faut  le nourrir, l’habiller, lui fabriquer un berceau pour dormir… Toute la famille s’y met ! Il faut que la petite (c’est une fille) soit présentable pour Tante Drosera. Et puis, le bébé finit par gagner… une grande famille ! Maman cède et accepte d’adopter Jujube. Même que Drosera est heureuse d’être la marraine de la petite fille.

Nous avons là encore une histoire d’adoption dans un contexte différent de Mon petit poussin vert : nous avons la famille nombreuse et les chaudes couleurs de l’Afrique. Mais cette histoire n’en est pas moins touchante ; au contraire ! Elle provoque en mois une formidable bonne humeur !

Je veux ma maman !

Couverture - Je veux ma mamande Tony Ross ; Editions Gallimard jeunesse, 2004.

Présentation de l’éditeur :

La petite princesse est invitée à dormir chez la petite duchesse. Mais elle ne veut pas quitter sa maman. Une nouvelle histoire de la petite princesse qui a bien du mal à se séparer de sa maman… à moins que ce ne soit l’inverse ?

Mon avis :

La petite princesse est encore un de ces albums que j’ai lu petite et qui me sont restés en mémoire. Je n’avais pas celui-là exactement de la série, mais je suis tombée dessus à la bibliothèque l’autre jour et dès que je l’ai vu, je l’ai subtilisé discrètement de son rayon pour aller le lire avidement dans mon coin.

La petite princesse peint, joue, tombe, a peur du noir et des monstres sous le lit, mais l’infirmière, son papa le roi et sa gouvernante échouent tous à la calmer, la guérir ou la rassurer. Il n’y a que sa maman qui y arrive et elle le fait avec beaucoup de talent : un bisou magique et le genou ne fait plus mal, une histoire racontée la nuit et la petite princesse s’endort paisiblement. Ce livre raconte tellement bien le super pouvoir qu’ont les mamans ! et le retournement final est très amusant.

Soeurs et frères

Couverture - Soeurs et frèresde Claude Ponti ; Editions L’école des loisirs, 2010

Présentation de l’éditeur :

Elles et ils sont là, dans nos vies.

Parfois dans notre chambre. Ce sont des personnes comme les autres. Quand ils arrivent, ils ne sont pas finis, pas complets. Elles et ils ont de l’influence sur nous, et réciproquement.

Qui sont-elles et ils ? Des cocktails de traits de caractère, des puzzles de défauts et de qualités.

Il y a le Coeur sur la Main, le Fouilleur, le Pique-Habits, le Chouchou, le Squatteur de télécommande, l’Aîné protecteur.

Comment savoir de quoi sont faits les nôtres, qui elles et ils sont vraiment ? Lisons !

Mon avis :

On s’est toujours posé des questions sur notre sorofrèrerie, n’est-ce pas ? Claude Ponti est là pour y répondre avec son imaginaire farfelu et décalé. Il explore véritablement toutes les étapes, en nomme les bons et les mauvais côtés, en montre l’intérieur et l’extérieur, explique même les demis et les quarts, les adoptés et les « bébés éprouvette ». Il présente aussi une sorte de catalogue avec des frères et des soeurs, leur caractéristiques, qualités ou défauts, et s’il est facile de vivre avec. Ca a un aspect presque formel, scientifique, mais avec des jeux de mots tordus et des dessins fous. Les fans de Ponti adoreront sans aucun doute, mais je pense que ça conviendra plutôt aux enfants plus âgés.

Dans le même style, on trouve le Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer.

logoalbums2014

 

Quelques minutes après minuit – Patrick Ness

Couverture - Quelques minutes après minuit

Patrick NESS

D’après Siobhan Dowd, illustré par Jim Kay

Quelques minutes après minuit (traduit pas Bruno Krebs)

Editions Gallimard, 2012

215 pages

Collection Jeunesse

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Présentation de l’éditeur

Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît qui apporte avec lui l’obscurité, le vent et les cris. C’est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.

Mon avis

Conor fait un rêve chaque nuit, un rêve terrifiant. Une nuit, le rêve se transforme : l’if, qui se trouve dans le cimetière en face de leur maison, de l’autre côté de la voie ferrée, devient un monstre qui lui rend visite. Le matin, il se réveille soulagé de constater que ce n’est qu’un rêve, mais quand il se lève, il constate que des aiguilles d’ifs parsèment le plancher de sa chambre. Ce monstre géant de bois et de racine serait-il réel ?

Alors que la nuit, le monstre lui rend visite pour lui raconter des histoires, Conor doit faire face à l’épuisement de mère de plus en plus flagrant : le nouveau traitement n’est d’aucune utilité contre sa maladie. Au collège, Lily a répandu la nouvelle de l’état de sa mère et les autres élèves comme les professeurs se sont mis à le considérer différemment. Trois garçons le brutalisent. Et chaque nuit, le monstre en if revient pour remplir sa promesse : raconter à Conor trois histoires afin que Conor raconte lui-même la vérité qui le libérera.

Roman sur la perte, Quelques minutes après minuit est bouleversant. Je l’ai lu en peu de temps et l’ai fini en épuisant ma réserve de mouchoirs. Il est servi par de belles illustrations qui alimentent l’atmosphère d’inquiétude, de rage, de tristesse, de peur. Conor est laissé seul face à des choses qu’il a du mal à appréhender, sa mère est épuisée, il n’apprécie pas sa grand-mère et son père est occupé avec sa nouvelle vie aux Etats Unis. Il ne sait plus bien où il en est, sa vie est devenu un cauchemar. Elle le serait si le monstre ne venait pas à lui pour lui parler et le soulager.

Fantastique et effroi se mêlent dans un style neutre, évitant ainsi le larmoyant. Le roman n’est pas moins poétique et philosophique, une oeuvre superbe sur un personnage attachant torturé à l’idée de perdre sa mère, confronté à des évènements et des sentiments auxquels il peine à faire face. C’est un gigantesque coup de coeur.

Lu pour le Baby Challenge Jeunesse

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