Les Terres rares – Stéphane Bataillon

Couverture - Les Terres rares

Stéphane BATAILLON

Les Terres rares

Editions Bruno Doucey, 2013.

93 pages

Collection Soleil Noir.

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Présentation de l’éditeur

« Nous imposons les mains

afin que la chaleur

parvienne jusqu’à toi

Déjà te prévenir

des tendresses fragiles »

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Publier le premier recueil de Stéphane Bataillon fut pour moi un moment fort. Où nos ombres s’épousent était le livre du deuil et de l’absence puisque le poète évoquait la perte de celle qu’il aimait, à un âge où la mort paraît hors de propos. Avec Les Terres rares, il revient à la poésie en arpenteur des joies fertiles de la vie. Une nouvelle union, la venue d’un enfant, une autre manière d’appréhender le temps. Dans cette vie renouée, il sait quel sens donner à la chaleur des mains, à l’écorce du doute et au frottement de nos solitudes abrasives. Le titre du recueil, emprunté à la géologie, laisse entendre que les métaux les plus tendres, les gisements les plus ductiles sommeillent à des profondeurs inouïes. Ecrire, descendre au plus profond de soi, dans l’opacité graphite et la tendresse des roches dont on ne peut se séparer.

Mon avis

Il est dur de critiquer un tel ouvrage. En effet, qu’y a-t-il à critiquer ?

De fait, je me retrouve un peu sans repère ou sans outil pour parler de ce recueil poétique sauf celui de mon appréciation affective personnelle. Ce n’est pas le moindre, certes, c’est pourquoi je vais tenter de développer.

Les Terres rares font suite à un premier recueil, Où nos ombres s’épousent, que je n’ai pas lu, parce que au moment où j’ai emprunté ce recueil à la bibliothèque, j’ignorais son existence. Mais j’avais été attirée par la couverture typique des Editions Bruno Doucey, ces rayures obliques colorées. Il m’a alors suffit de feuilleter un peu l’ouvrage pour avoir envie de l’emporter chez moi pour le lire au calme.

Le recueil comporte quatre parties, avec des poèmes regroupés selon des thèmes ou des impressions, des sentiments – c’est en tous cas ainsi qu’il m’a semblé que ce faisait la cohérence de ces sections. Il y a par exemple le monde dans l’altérité et ce qu’elle peut avoir de violent ou de dangereux. Puis on va dans le détail des choses, des objets, des lieux, on respire l’odeur des cahiers neufs ou on s’intéresse au grain du sable de la plage. Il y a aussi la venue d’un nouvel enfant et ce que cette naissance peut apporter d’émotion et d’espoir – comme de craintes. Les vers libers évoquent des images, invitent à la contemplation ou au contraire à l’introspection. Le recueil est d’un côté varié dans les poèmes qu’il propose et puis il a son unité, à travers ces touches minérales qui parsèment les poèmes, il en fait son socle, ses fondations.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce recueil, à prendre le temps de m’arrêter sur les vers pour savourer les mots à la place où ils ont été mis, les images un peu étranges qui naissent parfois, la beauté qui émane, même de ce qui peut sembler contradictoire.