Clément BOUHELIER
Chaos, 1. Ceux qui n’oublient pas
Editions Critic, 2016.
Présentation de l’éditeur
Paris, gare de Lyon. Une jeune femme brise une éprouvette et libère un virus inconnu qui se nourrit de la mémoire et frappe sans distinction d’âge, de sexe ou de milieu social.
Peu à peu, les infectés perdent toute capacité à penser et à agir. Malgré les mesures gouvernementales, l’épidémie se répand dans le pays, et même au-delà. Bientôt, le monde se peuple de « zombies », coquilles vides, errantes, répétant le même geste à l’infini.
Au milieu des décombres survivent quelques miraculés, des immunisés. Parmi eux, Chloé, Phil’, Claudy et Arthur. Ils n’ont rien en commun et ne se connaissent pas. Pourtant, une voix mystérieuse leur souffle de se rencontrer.
Dans cette France en proie au chaos, ils doivent découvrir qui a déclenché la pandémie et, surtout, mettre fin à son œuvre de destruction.
Même si le mot « zombies » apparaît sur la 4e de couverture, on est loin de l’habituel image du zombie décomposé anthropophage. Clément Bouhélier nous raconte bien une histoire de contagion, de maladie, mais celle-ci à un effet un peu différent. Les personnes touchées perdent toute mémoire, toute initiative, toute concentration, toute conscience de ce qui les entoure, comme un Alzheimer se déclenchant brutalement à tout âge. Très vite, les autorités sont dépassées par le nombre de malades, le gouvernement prend les pleins pouvoirs, mais l’armée ne contrôle plus rien, pas même ses propres soldats, et la peur de la contagion incite à la réclusion ou à la violence.
Au milieu de la catastrophe, nous suivons plus particulièrement 4 personnages qui luttent pour s’en sortir alors même qu’une voix mystérieuse semble les guider et attendre d’eux qu’ils agissent pour… sauver le monde peut-être.
L’auteur nous montre ainsi une apocalypse causée par une épidémie depuis le moment où une éprouvette est jetée sur le sol répandant un virus, jusqu’à l’implosion de la société. Il en détaille chaque étape : la découverte du premier malade, les tentatives de la médecine, les médias qui s’en mêlent, le gouvernement qui prend des mesures – trop tard ou pas assez efficaces, etc. La façon dont il décrit les réactions du gouvernement, de l’armée, des médias, de la population qui échappe aux premières vagues de contagion construit une ambiance très réaliste – et qui fait froid dans le dos. Mais, les 200 premières pages sont très longues. La contagion est décrite par le menu et c’est vite devenu interminable. Certes, cela permet de poser une atmosphère, d’installer les personnages, et d’instiller une pointe d’étrange qui va nous guider vers la fin du roman, mais ce fut pour moi un peu laborieux. La fin du roman finit par apporter des éléments de réponse qui ont relancé mon intérêt, mais, malgré tout, la rencontre annoncée dans la 4e de couverture n’a pas encore eu lieu alors que je m’attendais au moins que ça termine là-dessus.
« Chaos » : le titre est bien choisi, tant c’est ce dont il s’agit. Les quatre personnages qui pourtant se détachent en deviennent presque accessoires. On les connaît assez peu et ils sont pris dans la masse des autres personnages que l’on a croisé ici et là, au cours de la contagion ou de la panique initiale. Le dernier quart du roman les met plus en valeur, mais je retiens surtout le chaos ambiant, l’effondrement de la société et de ses institutions, le repli sur soi jusqu’à la violence.
En conclusion, je reste mitigée sur ce roman. Je reconnait ses qualités : l’ambiance, la peinture du chaos et de ce qui y a mené, le style précis et fluide, et cette façon de révéler les pensées profondes des personnages comme s’ils ne pouvaient se les avouer. Mais les 200 premières pages ont été lues de manière trop hachée pour surpasser cette frustration du « ça n’avance pas ! » Je lirais cependant la suite. Parce que c’était un premier roman et que c’est prometteur pour de futures réalisation. Et parce que je VEUX savoir le fin mot de l’histoire. Le deuxième (et dernier) tome est d’ailleurs sorti tout récemment, je me laisse quelques mois avant de me le procurer et de me plonger à nouveau dans le Chaos.