Shokuzai – Kiyoshi Kurosawa

Affiche - Shokuzai

Année de production : 2012. Série japonaise (5 épisodes), diffusée sous la forme de deux films en France.

Genre : Drame.

Réalisé par : Kiyoshi Kurosawa.

Avec : Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Eiko Koike, Sakura Ando, Ayumi Ito, Teruyuki Kagawa …

Synopsis :

Dans la cour d’école d’un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde : si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie. Quinze ans après, que sont-elles devenues ? Sae et Maki veulent se souvenir. Akiko et Yuka veulent oublier. Et la mère d’Emili, que cherche-t-elle encore après tout ce temps ?

Mon avis

Cette série diffusée sous la forme de cinq épisodes au Japon a été diffusée en France sous la forme de deux films. Je les ai vus à leur sortie en salle, mais ai eu l’occasion de revoir la série depuis.

Tout commence un jour d’école. Emili vient de déménager, c’est une nouvelle élève. Son institutrice la présente au reste de la classe. Emili devient amie avec quatre autres filles : Sae, Maki, Akiko et Yuka. Elles jouent dans la cour, se rendent les unes chez les autres et puis c’est le drame. Alors qu’elles jouent au ballon sur un terrain non loin de l’école, un étranger les aborde. Il répare un ventilateur dans l’école, mais ne parvient pas à atteindre un endroit et demande l’aide au petit groupe. Il désigne Emili, qui malgré l’insistance des autres pour y aller toutes ensemble, le suit. Alors qu’elle tarde à revenir, les autres filles se rendent dans le gymnase pour chercher Emili, mais elles la découvrent morte.

Maki, la plus débrouillarde assigne un rôle à chacune : elle ira chercher un professeur pendant que Akiko et Yuka iront prévenir la mère d’Emili et la police. Sae reste sur les lieux.

La police enquête, mais les fillettes, seules témoins, sont incapables de décrire le meurtrier, choquées la mort de leur amie. Un jour, la mère d’Emili les réunit toutes chez elles pour les mettre en garde et les accuser : à cause d’elles, l’assassin d’Emili court toujours et elles devront expier leur faute toute leur vie.

Quinze ans plus tard, nous retrouvons les quatre filles. Elles vivent loin l’une de l’autre. Chacune a eu sa manière de gérer les chose et de vivre avec.

Sae travaille dans un institut. Elle est réservée et apeurée. Son corps a refusé de grandir. Pourtant, elle rencontre un homme lors d’un rendez-vous arrangé qui lui demande de l’épouser. Elle accepte, malgré ses manies bizarres, et se retrouvera prisonnière volontaire d’une vie cloitrée dans un grand appartement impersonnel.

Maki est devenue une institutrice rigoureuse. Marquée par ce qui est arrivée à Emili, elle est sévère envers les petites filles trop jolies. Elle pratique le Kendo, de l’escrime pratiquée avec un sabre, ce qui lui permet de se débarrasser d’un homme qui menace ses élèves à la piscine. Devenue une héroïne au sein de l’école, elle est vite dénigrée, jugée trop violente envers ses collègues et les enfants.

Akiko, après le meurtre d’Emili, a choisi de vivre comme un ours. Pas de belles robes pour elle, ni de maquillage, pas d’études ou de métier. Elle raconte son histoire à Asako, la mère d’Emili, qui vient lui rendre visite en prison où elle est enfermée pour avoir tué son frère.

Yuka est fleuriste. Manipulatrice, elle est capable de faire beaucoup de choses pour arriver à ses fins. Cela inclut séduire le mari de sa soeur, policier, parce qu’elle fantasme sur cette profession, et pour se venger de sa soeur qui, étant malade petite, a toujours eu toute l’attention de ses parents. Elle refuse la pénitence imposée par Asako, mais elle est la première à trouver un indice sur le meurtrier, en entendant sa voix à la radio.

Après la mort d’Emili, Asako a eu un autre enfant. Elle a poursuivi sa vie avec son mari et a déménagé. Sa vie croise de temps en temps celles des quatre amies de sa fille. Contactée par Yuka, elle poursuit l’enquête sur le meurtrier d’après les indications de la jeune femme. Celles-ci la mène dans une école dans la montagne et lui fait rencontrer un homme aimé et perdu de vue depuis des années, quitté dans des circonstances dramatiques.

Chaque histoire se termine de manière tragique. Cette période des quinze ans plus tard, contrairement  l’enfance insouciante et colorée, est terne et grise, délavée, fanée. Il y a une ambiance troublante, comme s’il y avait quelque chose de malsain, de tordu qui planait au dessus de chacune des femmes.Ces deux films ont/cette série a une puissante qui la rend angoissante. Les personnages sont rongés par la culpabilité, traumatisés, ou alors vivent dans un déni rebelle, mais pas moins dévastateur. La catastrophe initiale est envisagée à chaque épisode sous l’angle d’un personnage différent. Je trouve ces procédés brillants. Ils créent une tension qui accroche, qui émeut et qui angoisse. Chacune a sa propre manière de faire face au traumatisme, mais aucune n’est vraiment heureuse, aucune n’a une vie vraiment saine. J’ai vraiment accroché à cette histoire, cette esthétique et à cette ambiance névrotique de thriller couplé à un drame psychologique. Les actrices sont toutes très bonnes. Il est difficile de s’attacher à elles, notamment à cause de ce qu’elles sont : pas des personnages très positifs. Yuka, m’a été particulièrement antipathique, et l’histoire de Sae m’a paru être la plus effroyable et la plus malsaine. J’en frissonne encore.

Top Of The Lake – Jane Campion et Gerard Lee

Top of the lake

Année de production : 2013. Série britannique (1 saison, terminée)

Genre : Drame, policier.

Créée par : Jane Campion et Gérard Lee

Avec : Elisabeth Moss, Holly Hunter, Peter Mullan…

Synopsis :

Tui, une jeune fille âgée de 12 ans et enceinte de 5 mois, disparaît après avoir été retrouvée dans les eaux gelées d’un lac du coin. Chargée de l’enquête, la détective Robin Griffin se heurte très rapidement à Matt Mitcham, le père de la jeune disparue qui se trouve être aussi un baron de la drogue mais aussi à G.J., une gourou agissant dans un camp pour femmes. Très délicate, l’affaire finit par avoir des incidences personnelles sur Robin Griffin, testant sans cesse ses limites et ses émotions…

Mon avis

La Nouvelle Zélande. Ses paysages d’une beauté à couper le souffle, sa nature grandiose… Tout laisse l’impression d’un environnement paisible et idyllique. Pourtant, c’est là que Tui, 12 ans, disparaît alors qu’elle est enceinte de 5 mois. Et tout de suite, naît le malaise.

Top of the lake

Robin Griffin travaille pour le service de la protection infantile. Elle a son propre passif en terme de violences subies et de traumatismes. Elle est chargée de l’enquête pour retrouver Tui, ce qui va la confronter à ses démons, mais aussi au malaise latent qui demeure à Laketop. Il y règne un climat malsain sous des airs de paradis.Elle va interroger Matt Mitcham, le père de Tui qui refuse de lui répondre ou la considère avec mépris affiché. Au même moment, une communauté de femmes vient s’installer sur une parcelle nommée Paradise, comme une sorte de tribu organisée autour de son gourou, GJ, une femme mystérieuse qui s’emploie à détruire les illusions des femmes blessées qui l’entourent.

Le format de sept épisodes permet un développement impossible à réaliser dans un film de deux heures. Le contenu en est dense, se déroule avec lenteur mais puissance. Et ça fait froid dans le dos. Les souffrances montrées et racontées sont multiples, chaque personnage a son secret, ce qui le rend ni tout noir, ni tout blanc. L’ambiguïté demeure et c’est au spectateur de faire la part des choses. Les valeurs ne sont pas celles qu’on attend et même l’idée de famille devient mortifère, et que la justice se fait attendre. La violence, omniprésente, semble être le seul moyen d’exister dans ce monde machiste. Les personnages masculins campent des figures archaïques, comme Matt Mitcham, baron de la drogue, violent, agressif et menaçant, ou encore Al Parker, le chef de la police locale qui, sous des dehors charismatique, n’a pas l’air net. Les femmes, au contraire, semblent rechercher une nouvelle liberté en allant s’isoler dans un coin perdu. Mais elles ont bien du mal à passer outre ces deux figures d’autorité et le pouvoir qu’elles incarnent.

Top of the lake est riche d’interprétation et de symboles. Il y a beaucoup à en dire, notamment sur les relations perverses qui se nouent, le rôle de la religion, la position des autorités instituées qui préfèrent fermer les yeux plutôt que d’affronter la réalité, la question de la famille, l’ambivalence des personnages qui empêche un traitement manichéen de toutes les questions soulevées par la série.

Cette série m’a beaucoup fait penser, alors que je la regardais, à Twin Peaks, la série créée par David Lynch. On y retrouve les mêmes secrets malsains cachés sous une nature verdoyante et une fausse convivialité, mais le côté hallucinatoire en moins. C’est noir, très noir, mais on a les deux pieds dans la réalité, et le scénario attendu de l’enquête policière s’éloigne rapidement du genre pour devenir un drame oppressant et dérangeant. Quant à l’aspect des violences faites aux femmes, on peut penser à Millénium, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, le premier film réalisé par le danois Niels Arden Oplev. Au delà de ça, les images sont magnifiques, la série prend aux tripes et laisse un arrière gout d’angoisse. Ce bout du monde aux airs de paradis ressemble bien plus à un enfer.

Top of the lake est une série courte d’une grande qualité. Je l’ai vu quand elle a été diffusée sur Arte et elle m’a beaucoup marquée. Le résultat est atypique, loin des formats auxquels on est habitué. Je la conseille à tous ceux que ces sujets intéressent, même si je me rend bien compte que leur traitement ne plaît pas à tout le monde (notamment par la lenteur des actions). Personnellement, j’ai été captivée et je souhaite que cette série subjuguera encore de nombreuses personnes !

Mad Men – Matthew Weiner

Mad men

Année de production : 2007. Série américaine (6 saisons, en cours)

Genre : Historique. Drame.

Créée par : Matthew Weiner

Avec : Jon Hamm, John Slattery, Elisabeth Moss, Vincent Kartheiser, Christina Hendricks…

Synopsis :

Dans le New York des années 60, Don Draper est l’un des grands noms de la pub. Maître manipulateur, il compte dans son entourage des ennemis qui attendent sa chute.

Mon avis

Mad Men c’est le genre de série que les profs de communication bien informés conseillent à leurs étudiants : quoi de mieux en effet pour étudier l’avènement de la publicité que d’en voir un genre de reconstitution à travers la vie d’un publicitaire talentueux des années 60 ? On assiste en avant première à la conception de publicités mythiques, telle que celle des cigarettes Lucky Strike (« It’s Toasted »). Au delà de la vie de bureau et de la création de slogan, c’est toute une époque qui se dessine, avec ses moeurs, ses mentalités, ses costumes, les évènements historiques qui la parcourent, et qu’on n’a pas forcément envie de revivre.

C’est d’ailleurs la première chose qui m’a marquée, dès le premier épisode : Peggy Olson vient d’être engagée comme secrétaire à l’agence et dans la minute qui suit son arrivée, elle subit des remarques machistes et est harcelée par ses collègues masculins. En plus du sexisme, on notera l’homophobie et le racisme latents. Le traitement des personnages féminins est aussi très intéressant : depuis la figure de la mère au foyer, soucieuse de son apparence, mais pas moins névrosée, jusqu’à la nouvelle employée qui essaie de se faire sa place dans un monde d’hommes qui ne veut pas d’elle malgré ses compétences, fortes ou faibles les caractères sont bien dessinés. Les hommes n’en sont pas en reste. Don Draper, charismatique, séduisant, compétent, adultère, alcoolique et désabusé, dissimule ses failles intimes, alors même qu’il est l’un des instigateur de la vente du rêve américain et du bonheur via la consommation. L’écart entre ce bonheur qui s’élabore et la réalité de la vie de ceux qui le créent est flagrant et c’est ce qui rend cette série si fascinante. D’une certaine façon elle montre l’aliénation des hommes et des femmes par ce qu’ils font et sont. L’image reste ce qu’elle est : une illusion qui ne tarde pas à s’effondrer.

Même si je ne l’ai pas vue en entier, il n’y a aucun doute : cette série est excellente. J’adore à la fois ce qu’elle montre et ce qui est dit entre les lignes : la tyrannie, l’obsession des apparences, l’aliénation des identités…

Amicalement vôtre – Robert S. Baker

Titre original : The persuaders.

Année de production : 1971. Série britannique (24 épisodes de 50 minutes).

Genre : Policier. Comédie.

Créée par : Robert S. Baker

Avec : Tony Curtis, Roger Moore…

Synopsis :

Deux personnalités opposées, des origines très différentes, mais une association très efficace : Danny Wilde et Lord Brett Sinclair, sous la direction du Juge Felton, rendent la justice à ceux qui y ont échappé.

Mon avis

Deux hommes riches et désœuvrés, voilà ce que sont  Daniel Wilde et Brett Sinclair. Alors, le juge Felton a l’idée de les associer pour qu’ils l’aident à résoudre quelques enquêtes, et ce malgré leurs personnalités bien trempées et opposées. L’un est lord – la fabuleuse famille et l’élégance distinguée qui va avec -, l’autre un ex-voyou qui a construit tout seul sa fortune. Humour cynique, joutes verbales, compétitions en tous genres… Voilà les « Persudaers ». Et ils réussissent leur coup à chaque fois grâce à leur charme, leur intelligence et leurs coups de poing ! Mais ils ne séduisent pas toujours la fille…

Amicalement vôtre est  une série policière bien agréable à regarder. Opposer ces deux personnalités donne un cocktail explosif à l’écran : rires garantis et on ne s’ennuie pas. Certes ce n’est pas très récent, mais ça a le même charme que les anciens James Bond (présence de Roger Moore et visionnage récent de Skyfall oblige). J’ai vraiment adoré. A noter que tous les épisodes sont présents sur Youtube.

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Sources :