Inferno – Dan Brown

Dan BROWN
Inferno (traduit par Dominique Defert et Carole Delporte)
Editions Le Livre de poche, 2014
612 pages

Présentation de l’éditeur

Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard, se réveille en pleine nuit à l’hôpital. Désorienté, blessé à la tête, il n’a aucun souvenir des dernières trente-six heures.

Pourquoi se trouve-t-il à Florence ? D’où vient cet objet macabre que les médecins ont découvert dans ses affaires ? Quand son monde vire brutalement au cauchemar, Langdon décide de s’enfuir avec une jeune femme, Sienna Brooks. Rapidement, il comprend qu’il est en possession d’un message codé, créé par un éminent scientifique qui a consacré sa vie à éviter la fin du monde, une obsession qui n’a d’égale que sa passion pour Inferno, le grand poème épique de Dante. Pris dans une course contre la montre, Langdon et Sienna font tout pour retrouver l’ultime création du scientifique, véritable bombe à retardement, dont personne ne sait si elle va améliorer la vie sur terre ou la détruire.


Ce qui est compliqué avec ces romans, c’est que tout ce qu’on peut révéler de l’intrigue est présent dans la quatrième de couverture. Tout de même, récapitulons. Robert Langdon, le héros de Da Vinci Code notamment, se réveille amnésique dans un hôpital de Florence, sans savoir comment il y est arrivé. Il s’enfuit, est poursuivi, et pour retrouver la mémoire, il doit suivre un jeu de piste laissé par un scientifique pour trouver ses derniers travaux. Tout repose sur la connaissance de l’œuvre de Dante et de sa vie à Florence, sujet que Langdon connaît bien puisqu’il lui est arrivé de le traiter lors de cours et de conférences.

On retrouve dans ce roman toutes les ficelles du thriller : course contre la montre, poursuite, alternance des points de vue en poursuivants et poursuivis, suspens, recherche de la vérité pour surmonter l’amnésie, notamment. Ça ne m’aurait pas dérangé si ça avait été plus subtil. En effet, toutes ces ficelles m’ont semblé un peu grosses. En terme d’écriture, c’est efficace, plutôt fluide, mais ce n’est pas « bien écrit » (selon mes critères, en tous cas) comme on pourrait le souhaiter. Je veut dire par là : pas d’originalité, platitude du style. Il y a notamment un flash-back sur une conférence que Langdon a fait pour présenter des éléments de l’œuvre de Dante qui m’a paru très mal introduite dans l’histoire, au point que ça m’a profondément agacée. Les effets de suspens, les pauses dans le discours, les jeux avec le public, retranscrits dans le flashback n’avaient pas lieu d’être, d’autant plus que c’était très mal fait. Mais l’objectif du roman étant de présenter un divertissement efficace, on va dire que cela convient à ce qu’il doit être.

Je suis plutôt mitigée aussi concernant le « fond » de ce roman, c’est-à-dire le « pourquoi » de toute cette intrigue, [spoiler]cette histoire de la surpopulation[/spoiler]. (Pour lire les spoiler, surligner le texte.) Pour moi, ce n’est pas vraiment le lieu d’en parler, ni le meilleur moyen de sensibiliser là-dessus. Et puis, la fin m’a fait l’effet d’un pétard mouillé, façon « tout ça pour ça », [spoiler]puisque de toute façon, il n’y avait pas de risque de fin du monde [/spoiler]. Du coup les 600 pages précédentes ne servaient plus à grand chose, l’enjeu était désamorcé.

En revanche, s’il y a quelque chose que j’aime bien dans ce roman, c’est la visite des lieux historiques et très touristiques de Florence – le Palazzo Pitti, le Palazzo Vecchio, notamment – qui m’a beaucoup parlé parce que j’ai pu les visiter il y a quelques années. On voit les coulisses de certains musées. Et j’aime bien le fait de chercher des indices dans des œuvres de génies artistiques pour toutes les informations que l’auteur nous donne à leur sujet.

Ce fut une lecture en demi-teinte, donc, mais comme je l’ai mentionné plus tôt, c’est un livre conçu pour être un best-seller, un divertissement qui accroche, et pour ça il a rempli son rôle.

Le + : une adaptation cinématographique est prévue pour octobre 2016, réalisée par Ron Howard, avec Tom Hanks et Felicity Jones.

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Le rituel de l’ombre – Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Couverture - Le rituel de l'ombre

Eric GIACOMETTI et Jacques RAVENNE

Le rituel de l’ombre

Editions Fleuve noir, 2005

384 pages

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Présentation de l’éditeur

Ils tuent des frères pour posséder l’âme du monde.

Mai 2005, Rome. Une archiviste du Grand Orient de France est assassinée au Palais Farnèse, suivant un rituel qui évoque la mort d’Hiram, fondateur légendaire de la franc-maçonnerie. A Jérusalem, un archéologue en possession d’une énigmatique pierre gravée, subit un sort similaire. Le commissaire Antoine Marcas, maître maçon, et son équipière Jade Zewinski, qui abhorre les « frères », se trouvent confrontés aux tueurs implacables d’une confrérie occulte nazie, la société Thulé, adversaire ancestrale de la maçonnerie. Soixante ans après la chute du IIIe Reich, les archives des francs-maçons, dérobées par les Allemands en 1940, continuent de faire couler le sang. Quel secret immémorial se dissimule entre leurs pages jaunies ? Un secret pour lequel on tue sans scrupules…

Mon avis

Deux meurtres opérés selon le même rituel, le même soir, rien ne porte à croire à une coïncidence. Antoine Marcas s’en serait bien passé. Il était par hasard présent à la fête organisée à l’ambassade de France de Rome, au Palais Farnèse, quand on lui a demandé son expertise sur le corps de la jeune femme retrouvée. Bien sûr, son premier contact avec Jade Zewinsi n’est pas facile et il espère vite s’en débarrasser, mais à Paris, le juge Darsan décide d’écourter ses vacances pour qu’il puisse seconder Jade dans l’enquête. Il se retrouve alors bien malgré lui impliqué dans cette histoire. Toutefois, ses connaissances de la Franc-maçonnerie seront bien utiles à Jade pour comprendre ce qui est arrivée à Sophie, son amie, initiée elle aussi à la Franc-maçonnerie. Alors qu’ils étudient des documents d’archives en attendant d’en savoir plus de la part de Marc Jouhanneau, le patron de Sophie, l’assassin de Marek, l’archéologue israélien qui étudiait la pierre de Thebbah, révélant des informations sur les Templiers, fait un voyage chaotique jusqu’à Paris. Au même moment, on suit également la mission de Joana, une tueuse Croate chargée de récupérer les documents que transportait Sophie, pour un homme dénommé Sol.

Si tout cela vous semble compliqué, vous n’êtes pas au bout de vos peines ! Il faut ajouter à ces nombreux personnages et leurs nombreux agissements, un secret qui lierait les maçons et les Templiers, ainsi qu’une organisation secrète occulte, Thulé, liée à l’avènement du parti nazi avant la Seconde Guerre mondiale. Le livre prend son temps pour se mettre en place, et ça se comrpend quand on voit toutes les informations que l’on doit absorber, mais ne manque pas de rebondissements pour autant. J’ai juste été surprise de constater que la seconde moitié du livre était bien entamée quand Marcas et Jade se mettent enfin à enquêter de manière efficace. Le livre dépeint ainsi l’action de nombreux personnages, convergents tous vers un seul but. Il n’y a aucun mystère quant aux coupables des premiers meurtres et à leurs commanditaires, c’est ce but qui reste mystérieux et c’est sur sa nature que les personnages principaux vont peu à peu faire jour.

J’ai été très intéressée par les faits réels qui sous-tendent l’intrigue : les rituels maçonniques, l’émergence de la franc-maçonnerie, les persécutions que les maçons ont subit pendant la Seconde Guerre mondiale… Cependant, quant à l’intrigue et au fameux mystère à découvrir, je reste un peu sur ma faim. Certes, il y a de l’action, de la torture, des courses poursuites, et l’intrigue est globalement bien construite, mais le tout m’a semblé relativement posé, moins prenant que ce que j’imaginais. Le roman n’en est pas moins un bon thriller ésotérique : les amateurs de mystères seront ravis, surtout que les auteurs dosent avec finesse le réel et l’imaginaire. Le bilan est positif, mais pas extraordinaire.

Voir l’avis de : A la croisée des chemins.

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Le mystère Fulcanelli – Henri Loevenbruck

Couverture - Le mystère Fulcanelli

Henri LOEVENBRUCK

Le mystère Fulcanelli

Editions Flammarion, 2013

416 pages

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Présentation de l’éditeur

Un meurtre dans une vieille église de Séville. Un assassinat dans une bibliothèque parisienne. Un ancien manuscrit dérobé.

Et voilà que surgit de nouveau le nom du plus mystérieux alchimiste du XXème siècle: Fulcanelli! Depuis près de cent ans, chercheurs et historiens tentent de découvrir qui se cachait derrière cet énigmatique pseudonyme. En acceptant de mener l’enquête, Ari Mackenzie, ancien commandant des services secrets, fait une plongée vertigineuse dans les milieux ésotéristes du siècle dernier. Parviendra-t-il à dénouer la plus étonnante intrigue de l’histoire de l’alchimie?

Mon avis

Un homme est tué dans une église de Séville alors qu’il est sur le point de faire une découverte capitale dans la résolution d’un grand mystère de l’alchimie : celui de l’identité de l’homme qui se cache sous le pseudonyme de Fulcanelli. Il faudra peu de temps à Ari Mackenzie pour faire le lien entre ce meurtre et le vol d’un mystérieux carnet dans la bibliothèque d’un bibliophile passionné d’ésotérisme, mort d’une crise cardiaque peu de temps auparavant ; un carnet qui serait, selon la fille de Giacomo Mazzoleni, de la main même de Fulcanelli. Sollicité au départ par son ami Cédric Radenac pour lui apprendre les éléments du mystère ésotérique, Ari se retrouve de nouveau sur le terrain à tenter de démêler une série de meurtres qui semblent tous liés à ce mystère. Il replonge bien malgré lui dans une énigme qui a passionné les amateurs d’hermétisme et d’alchimie pendant plus un demi-siècle.

L’intrigue est complexe. A l’énigme du meurtre s’ajoute celle non résolue de l’identité d’un auteur hermétisme du début du siècle, Fulcanelli. Henri Loevenbruck est visiblement passionné par son sujet et il a l’intention d’en faire profiter ses lecteurs. Le livre est très bien documenté et, en ce qui me concerne, j’ai apprécié avoir toute ces informations. On a effectivement des personnages en position de chercheur, consultant des biographies, des archives, des ouvrages de recherche. Et le résultat de ces recherches est présenté de manière claire. Cela a effectivement tendance à ralentir le rythme du récit alors qu’on s’attendait peut-être à ce qu’il soit plus rapide, à cause de l’étiquette « thriller » sans doute.

Pour ma part, cela ne m’a pas gênée. J’étais même agréablement surprise, étant donné que j’avais commencé ce livre sans savoir dans quoi je me lançais, que prise par mon travail d’étudiant j’avais dû interrompre la lecture et que j’avais préféré le reprendre au début pour bien me remettre tous les éléments de l’histoire dans la tête. Et bien cette relecture du début n’était pas gênante du tout, au contraire ça m’a familiarisé avec les personnages, les noms qui foisonnent et les références et j’étais moins perdue.

J’ai aussi beaucoup apprécié les personnages, Ari en tête, dans le genre désabusé, cynique et profondément irritant, mais pour autant cultivé et passionné par l’alchimie. Ses joutes verbales avec Cédric Radenac, le flic intègre, sont plutôt amusantes et ajoutent un peu de piment à cette chasse au trésor. Il faut aussi noter l’hommage rendu par l’auteur à la librairie indépendante et le tacle que se prend Da Vinci Code au détour d’un dialogue. Tout cela me rendent Henri Loevenbruck, son oeuvre et ses personnages d’autant plus sympathiques.

Attention, si vous chercher un thriller à l’intrigue trépidante et qui vous laissera sans souffle, ce n’est pas peut-être pas le bon roman. Cependant, si vous aimez l’énigme menée à la manière d’une chasse au trésor grâce à une étude approfondie, documentée et avec moult détails, vous êtes au bon endroit !

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