Des BD en bref #4

Hey ! Ce soir, je poursuis mon « défi » calendrier de l’avent (1 chronique par jour), que j’ai déjà bien foiré, entre un « oubli », un weekend de promenade sans aucune connexion internet (et un évident manque de temps pour rédiger quoi que ce soit en avance), et dernièrement un « syndrome de la page blanche » version blog (je me suis mis un peu la pression pour chroniquer un certain recueil de nouvelles, et j’ai juste bloqué dessus pendant des lustres). Et donc, ce soir, je n’avait curieusement aucune envie de me prendre la tête avec une chronique « classique ». J’ai donc préféré la version allégée que je fait pour les BD (d’autant plus que j’ai passé l’après-midi à grenouiller avec un revisionnage de Captain America entrecoupé de vidéo Youtube (volatilité et procrastination…) Résultat : je n’ai RIEN fait ! (et je suis toujours à 1/2 heure de la fin du film alors que je l’ai commencé vers 14h) Mes vacances commencent bien…

Le blabla est fini. Sachez seulement que toutes ces BD ont été chroniquées sur ma chaîne Youtube. Encore une fois, on est plutôt sur de la BD ‘jeunesse’ ou ‘grand public’. Mais c’est une sélection de ce que j’ai préféré ces dernières semaines.

Dans la forêt sombre et mystérieuse – Winshluss

Editions Gallimard, 2016.

Angelo, jeune apprenti aventurier féru de zoologie, prend la route en famille pour rendre visite à sa mémé géniale qui est très malade. Mais sur l’aire d’autoroute où ils s’arrêtent, ses parents l’oublient et repartent sans lui ! Terrorisé, Angelo décide de couper à travers la forêt, où il se perd tout à fait… Sa rencontre avec de fascinantes créatures – de la luciole obèse à l’ogre terrifiant – vont faire de son singulier périple une aventure fantastique.

J’ai découvert, après l’avoir lu, que cet album vient de remporter la pépite d’or au Salon de la littérature et la presse jeunesse (celui de Montreuil donc). Et comme je le comprend ! On y suit Angelo qui, sur la route pour se rendre chez sa mémé, coincé entre sa petite soeur bébé et son grand frère bâte comme ses pieds, est oublié au bord de la route. Et pressé de les retrouver, il va prendre les chemins de traverse, à travers la forêt sombre et mystérieuse. Il va y croiser un certain nombre de créatures, plus ou moins dangereuses, et vivre de folles aventures. J’aime beaucoup ce dynamisme, cet humour, qui change de la BD jeunesse habituelle. Et l’album a beau être épais, on tourne les pages sans s’en rendre compte. Le dessin ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais ne vous laissez pas avoir par ces considérations ! Cet album est un petit bijou !

Découvrez quelques extraits.

Fantômes – Raina Telgemeier

Editions Akileos, 2016.

Du fait de la maladie de sa soeur Maya, Catrina, onze ans, et sa famille déménagent dans la petite ville côtière de Bahia de la Luna. Tandis que leurs parents s’occupent de ranger les affaires, les deux jeunes filles partent explorer leur nouvelle maison et son voisinage. Elle font alors la rencontre d’un voisin qui leur confie un secret : il y a des fantômes à Bahia de la Luna. Si Maya est déterminée à vouloir en rencontrer un, il en va tout à fait autrement pour Cat. Or, la période de l’année à laquelle les fantômes se réuinissent avec leurs proches approche, et Cat doit découvrir comment mettre ses peurs de côté pour le bien de sa soeur… et le sien.

Encore une très belle histoire ! (en même temps je vous avais prévenu : c’est une sélection de BD que j’ai adorées) Cette fois, une histoire de famille, avec Cat qui subit un déménagement pour le bien de sa soeur Maya. Si elle doit être très prudente pour veiller sur elle, Maya est la joie de vivre et l’énergie incarnée. Elle veut tout vivre à cent à l’heure, au risque de gâcher sa santé. Cette histoire de fantômes l’intrigue et l’excite au plus haut point. Et Cat se retrouve à la suivre tant bien que mal, malgré sa frousse.

J’ai beaucoup aimé cette histoire, avec la leçon de vie qu’apporte la tradition autour des fantômes. Et puis Cat est un personnage très agréable à suivre. La BD a un format plutôt roman graphique, mais elle est très abordable. Les dessins sont clairs, et il est très plaisant de s’y plonger. Je vous conseille de la tenter !

La jeunesse de Mickey – Tebo

Editions Glénat, 2016

Norbert, l’arrière-petit-neveu de Mickey, est comme tous les gamins de son âge : le nez toujours plongé dans sa console de jeux vidéo. Alors, pour attirer son attention, son arrière-grand-oncle a l’habitude de lui raconter des histoires. Mais pas n’importe lesquelles : celles qu’il a vécues dans sa jeunesse. De palpitantes aventures dans lesquelles il a tour à tour été : cowboy, prisonnier dans le bayou, as de l’aviation de la Première Guerre Mondiale, trafiquant de chocolat pendant la Prohibition et même astronaute ! Norbert a un peu de mal à croire à ces récits invraisemblables, d’autant que, comme toutes les personnes âgées, pépé Mickey (comme l’appelle Norbert) a la vue qui baisse et la mémoire un peu comme un gruyère…

Mickey fait de nouveau parler de lui cette année : le personnage a été repris par plusieurs auteurs de bande dessinée et 4 albums sont sortis depuis la rentrée. Une exposition à Quai des bulles (Saint-Malo) leur était d’ailleurs consacrée cette année.

J’ai lu deux de ces albums et j’ai eu un coup de coeur pour La Jeunesse de Mickey. On y retrouve Mickey vieillissant mais très énergique, sans cesse plongé dans de  nouvelles inventions dans son atelier. Il raconte ses aventures de jeunesse à Norbert, son arrière petit neveu. Chasse au trésor dans le Far West, aventure sur la lune, sauvetage en plein marais, action héroïque mettant fin à la guerre… tout y passe ! Il y a de l’héroïsme, des situations cocasses, et les dialogues entre l’ancien et le petit neveu sont savoureux. Au delà de ça, l’album est très beau : dos toilé, papier épais, couverture solide. C’est vraiment un album à offrir ou à s’offrir.

Charlotte et moi, tome 1 – Olivier Clert

Editions Makaka, 2016

Ce matin-là, Charlotte fait un rêve. Dans son sommeil agité, elle provoque, sans s’en douter, une réaction en chaîne qui va bouleverser sa vie, celle de son voisinage et surtout celle de Gus, un jeune garçon qui vient tout juste d’emménager dans l’immeuble avec sa mère…

Charlotte et moi, c’est THE coup de coeur de cette sélection. (oui, bon, c’est aussi le cas pour les autres, mais celui-là encore plus). C’est l’album qui n’a pas fait de bruit, mais que j’ai envie de faire lire parce que son histoire m’a beaucoup touchée. On n’est pas dans quelque chose de fantastique comme pour Dans la forêt sombre et mystérieuse, ni humoristique. On est dans du « tranche de vie », du « drame », de ces albums qui raconte la vie de personnages banals, qui raconte des rencontres, des dépassements de soi dans la vie du quotidien. Charlotte est une jeune femme très discrète. Ses voisins l’ont tout de suite cataloguée : obèse, n’a plus toute sa tête depuis que sa grand-mère est décédée. Elle fait peur à Gus, le petit garçon qui vient d’emménager avec sa mère. Et puis, il y a cet enchaînement de circonstance qui vient mettre du bazar et faire bouger les choses.

Je suis très impatiente de lire la suite de ce tome, parce que la fin promet un beau sac de noeud. Je me suis régalée en le lisant, d’autant plus que je ne m’y attendais pas. C’est encore une chaude recommandation que je vous fait là, et j’espère au moins qu’elle aura contribuer à faire connaître un peu plus cet album.

Des BD en bref #2

Je continue à faire des découvertes BD, parce que j’aime ça, et parce que mon boulot me permet d’y avoir un accès plus facile. Et j’ai envie d’en parler, sans avoir la matière pour en faire des articles complets, argumentés, etc. Du coup, je vous ai fait une petite sélection qui me permettra d’en parler de manière concise et décontractée.

Les Effroyables missions de Margo Maloo – Drew Weing

Editions Gallimard, 2016.

Charlie et ses parents quittent la campagne pour vivre à Écho City. Alors qu’il regrette son ancienne vie, ce reporter en herbe découvre avec horreur que des monstres en tout genre – trolls, vampires, fantômes et familles d’ogres – habitent non seulement dans son immeuble. mais dans toute la ville ! Sa rencontre avec la mystérieuse Margo Maloo, spécialiste es-monstres qui gère les conflits de cette communauté secrète, vont l’entraîner dans des enquêtes aussi excitantes qu’effrayantes !

Charlie est un peu du genre à dramatiser. Quand il emménage avec ses parents dans une grande ville, il s’imagine aussitôt victime d’un acte criminel, racket, vol, agression. Pourtant, le danger dans sa chambre même quand il voit deux grands yeux jaunes le fixer dans la nuit. Un voisin lui transmet une carte de visite, celle de Margo Maloo, une fillette qui vient le débarrasser du monstre qui habite son placard  avec diplomatie. Charlie découvre alors que dans les coins obscurs de son immeuble, des rues, de toute la ville, une autre société s’est organisée, une société composée de monstres. Charlie, journaliste en herbe, se lance alors dans une enquête haletante sur les traces de Margo Maloo.

L’idée que des monstres,trolls, fantômes vivent dans les ombres d’une grandes villes, dans ses espaces vides – égouts, tunnels, placards abandonnés, sous-sols délaissés… – est à la fois excitante et fait… frissonner ! Bref, j’aime beaucoup ce genre d’ambiances, la découverte de ces mondes cachés. Les deux personnages sont plutôt agréables à suivre. J’ai lu cette BD aux alentours d’Halloween et ce fut une bonne découverte.

Lila, pomme, poire, abricot – Séverine De la Croix et Pauline Roland

Editions Delcourt, 2016.

Je m’appelle Lila ! Mes parents se sont séparés et j’ai un grand frère qui m’embête tout le temps. Depuis hier, il m’arrive un truc incroyable : j’ai les nénés qui poussent ! Ma mère m’a emmenée chez le gynéco et m’a acheté mes premières brassières, même que j’ai hâte de les montrer à mes copines de l’école parce que c’est une taille 12 ans alors que j’en ai que 10. Elle est trop belle la vie !

Lila a 10 ans. Elle fait sa rentrée à l’école, alors qu’un truc incroyable s’est passé pendant les vacances : ses seins commencent à pousser. Entre l’admiration de ses copines, les moqueries des garçons, le désespoir de son père qui voit brusquement sa fille grandir et les taquineries de son frère, Lila se fait à ces deux bosses sur sa poitrine.

Cette BD, c’est un peu le truc que j’aurai aimé lire quand ça m’est arrivé. C’est d’abord pédagogique, avec des planches qui expliquent ce que c’est, ou qui montrent quels sont les soutiens gorges les plus adaptés.  Mais c’est aussi très drôle, parce que Lila est impayable. Et puis il y a tous les personnages qui tournent autour d’elle qui viennent compléter le tableau. Il y a des situations hilarantes, d’autres plus touchantes, et c’est un bon moyen pour dédramatiser ce début de la puberté.

Pile ou face, 1. Cavale au bout du monde – Hope Larson et Rebecca Mock

Editions Rue de Sèvres, 2016.

New York, années 1860. Lorsque le père adoptif de Cleopatra et Alexandre disparait, les deux jumeaux rejoignent le gang du Crochet Noir, surveillé pour ses multiples larcins. Pris par la police, ils acceptent de trahir le gang, contre un ticket de train pour la Nouvelle Orléans, où ils espèrent commencer une nouvelle vie. Mais Alex est capturé et embarqué de force comme main-d’oeuvre sur un cargo faisant route pour San Francisco. Cléo prend la route sur un steamer, pour tenter de rejoindre son frère. Mais les deux ados sont loin de suspecter les dangers qui les guettent : le gang a informé une bande de pirates, redoutés et impitoyables, que les jumeaux sont en possession d’objets constituant une carte au trésor. La course commence pour nos héros : course au trésor, vers leur père et pour leur vie.

Cette BD m’avait d’abord paru bien épaisse – 224 planches ! -, pour raconter une telle histoire (surtout un peu long comparé aux formats qu’on trouve habituellement pour des enfants). Mais ça se lit tout seul ! Et on se laisse facilement embarquer dans cette aventure. Certains ressorts sont un peu évidents – le fait que les jumeaux se trouvent séparés -, mais il y a de nombreux rebondissements, l’image qui est donnée des USA n’est pas inintéressante, et il y a quelques personnages secondaires hauts en couleur. Une chouette aventure à lire…

A bientôt pour de prochaines « BD en bref » !

La Guerre des Lulus – Régis Hautière et Hardoc

Régis HAUTIERE et HARDOC
La Guerre des Lulus
Casterman, 2013
3 tomes publiés – Série en cours

Présentation de l’éditeur

Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre des pensionnaires de l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt en Picardie. Tout le monde les surnomme les Lulus. En cet été 1914, lorsque l’instituteur est appelé comme tant d’autres sous les drapeaux, personne n’imagine que c’est pour très longtemps. Et les Lulus ne se figurent évidemment pas une seconde que la guerre va déferler sur le monde finalement rassurant qu’ils connaissent. Bientôt, le fracas de l’artillerie résonne dans le ciel d’été. Il faut partir, vite. Mais lorsque la troupe évacue l’abbaye manu militari,les Lulus, qui ont une fois de plus fait le mur, manquent à l’appel. Sans l’avoir voulu, ils se retrouvent soudain à l’arrière des lignes allemandes.

  • La Guerre des Lulus, 1914. La Maison des enfants trouvés
  • La Guerre des Lulus, 1915. Hans
  • La Guerre des Lulus, 1916. Le Tas de brique

Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre amis qui adorent faire les 400 coups ensemble, si bien que l’instituteur et leurs responsable à l’orphelinat les appellent les « Lulus ». Un jour de 1914, l’instituteur est mobilisé pour combattre contre l’Allemagne, persuadé que la guerre ne durera pas. Pourtant quelques semaines plus tard, l’armée fait évacuer l’orphelinat et le village voisin car celui-ci se trouve dans le périmètre de bombardement de l’armée allemande. Les Lulus, partis construire une cabane au fond des bois n’ont rien vu, et quand ils rentrent le soir, les lieux sont déserts. Sans le savoir, ils sont coincés derrière les lignes allemandes.

Série publiée pour le centenaire de la Première Guerre mondiale – à raison d’un tome par an jusqu’en 2018 (du moins, je suppose que c’est le projet, vu le rythme de parution actuel)-, La Guerre des Lulus est une chouette série de BD à conseiller à tout le monde. On révise assez peu son histoire de la Guerre mondiale, mais on suit les aventures des Lulus, bientôt rejoints par une Luce , alors qu’ils tentent de survivre et d’échapper aux soldats. On a donc à la fois une histoire de guerre, une aventure et aussi le récit d’une amitié entre ces garçons.

J’ai beaucoup aimé la façon dont leur relation est amenée au début du premier tome. Ils n’ont pas forcément des caractères compatibles, mais partager la même chambrée les a rapprochés. Ils restent des enfants dans la guerre, gardent une certaine naïveté malgré les dangers auxquels ils sont confrontés, et les paroles qu’ils échangent font parfois penser à un dialogue de La Guerre des boutons : effronterie, lucidité et candeur malgré tout. Le résultat est amusant et non dénué de tendresse : tout pour me plaire !

Les aventures de ces trois tomes nous montrent des ambiances complètement différentes de la guerre. Ils sont d’abord relativement épargnés, avant de plonger dans la vie à l’arrière des lignes de front. Chaque tome est très bien construit, retransmet la vie telle qu’on pouvait la vivre à ce moment-là. On ne voit pas les combats au front, mais ceux-ci sont évoqués de manière détournée et les aventures des Lulus se concentrent plus sur la vie des civils. C’est fait avec suffisamment de subtilité pour que les allemands – les ennemis dans l’histoire – ne soient pas caricaturés ; cette absence de manichéisme est grandement appréciable. Et il y a suffisamment de suspens d’un tome à l’autre pour inciter à lire la suite.

Les personnages sont attachants et, Première Guerre mondiale ou pas, c’est plus cet aspect-là qui m’attire que le conflit en lui-même. Je vous invite donc à vous pencher sur cette bande dessinée qui plaira à tous les âges. C’est une excellente série et j’attends avec impatience de retrouver les Lulus l’année prochaine !

Des BD en bref #1

En ce moment, je fais des découvertes BD, du genre que je ne chronique pas. Parce que j’ai plus de mal à construire un discours argumenté de la taille d’une chronique comme je le fait pour les romans. Et puis, comme les séries sont rarement terminées ou que je ne les ai pas lues en entier, je ne peux pas en parler autant dans le détail que je le voudrais. Du coup, je fais un peu ce que je faisais, il fut un temps, pour les films. Aujourd’hui, sélection orientée « jeunesse » (mais que les plus grands peuvent lire aussi, évidemment).

Anuki, Stéphane Sénégas et Frédéric Maupomé

Editions de La Gouttière, 2011. 5 tomes parus.

Présentation de l’éditeur : La vie d’un petit Indien, ça n’est pas facile tous les jours…. Anuki, garçon vif et attachant, part à la recherche de son jouet perdu et rencontre en chemin des animaux dangereux ou farceurs.

Ces albums sans texte narrent les aventures rocambolesques d’Anuki, un petit Indien, à qui il arrive tout et n’importe quoi (dont une confrontation avec un ours, des castors, des poules…). La personnage est attachant, et très expressif ; c’est très drôle, s’avale en quelques bouchées pour des adultes, mais c’est l’idéal pour faire découvrir la BD a des enfants. Ce sont de très bons albums « premières lectures » certes, mais les plus grands auront tort de s’en passer !

Pico Bogue, 1. La vie et moi, Dominique Roques et Alexis Dormal

Editions Dargaud, 2008. 8 tomes parus.

Présentation de l’éditeur : Pico Bogue est le fils aîné d’une famille tout ce qu’il y a de plus normal, c’està- dire unique, extraordinaire et parfois complètement folle ! Avec sa petite soeur Ana Ana, Pico évolue dans la vie avec autant de certitudes que d’interrogations, ce qui vaut à ses parents et grands-parents des crises de toutes sortes : crises de rire, crises de désespoir, crises d’amour toujours !

Pico Bogue est comparé par certains à Calvin et Hobbes, mais n’en ayant jamais lus, je serais bien en peine d’émettre un avis. En tous cas, je me suis bien marrée en lisant les réflexions de Pico, à ses parents, à ses amis, à sa soeur, ou à tous ceux qui partagent sa vie. C’est plein de tendresse et d’humour, avec la pertinence et l’impertinence que peuvent avoir les enfants. Je pense toutefois que c’est un genre d’humour qui parlera plus aux adultes, mais que personne ne se restreigne à lire cette série !

Otto, Frodo Decker

Editions Kramiek, 2014. 2 tomes parus.

Présentation de l’éditeur : Otto est une succession de gags, rythmée par les incroyables péripéties du protagoniste, Otto. Un parcours truffé de rencontres insolites, de l’humour qui côtoie la poésie confèrent à cet album une essence particulière. Démarrez le voyage!

Encore un album sans texte, où se succèdent au rythme effréné des petites cases les aventures d’Otto. Presque noyade, rencontre avec des sirènes, puis l’arche de Noé, puis des extraterrestres ; envol, courses poursuites, chutes, peau de bananes… Le tout à une vitesse folle et avec quelques gags récurrents (le pauvre chimpanzé quand j’y pense…). Encore une fois, c’est très drôle, plein d’inattendus et de retournements de situation ; et cela peut se lire aussi bien par les petits que par les plus grands.

Biguden, 1. L’Ankou, Stan Silas

Editions EP, 2014. 3 tomes parus.

Présentation de l’éditeur : Goulwen vit avec sa mère et sa grand-mère dans une petite maison au bord d’une falaise bretonne. Son quotidien est bouleversé par l’arrivée d’une jeune Japonaise, survivante d’un naufrage. La confrontation entre les deux cultures va d’abord être explosive !

C’est la première série véritablement narrative de cette série ; je veux dire par là que les autres tomes sont des épisodes pouvant se lire indépendamment les uns des autres. Alors que celle-ci forme une historie pleine et entière. Goulwen découvre un beau jour un bateau échoué en bas de la falaise et son étrange occupant. L’arrivée de la japonaise va causer de nombreux bouleversement dans une maison habitée par des créatures étranges invisibles aux yeux de tous. Des aventures sympas et drôles dans une Bretagne encore habitée par ses légendes et traditions. Que tout le monde peut lire également !

Le Grand Méchant Renard – Benjamin Renner

Benjamin RENNER

Le Grand Méchant Renard

Editions Delcourt, 2014

192 pages

Collection Shampooing

Présentation de l’éditeur

Face à un lapin idiot, un cochon jardinier, un chien paresseux et une poule caractérielle, un renard chétif tente de trouver sa place entrant que grand prédateur. Devant l’absence d’efficacité de ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie. Sa solution : voler des oeufs, élever les poussins, les effrayer et les croquer. Mais le plan tourne au vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel.


Il était temps que je parle de cette BD ! Mais en même temps, j’avais du mal a trouver quelque chose à y dire qui puisse être objectivement intéressant – à part dire QU’IL FAUT LA LIRE !!!

Malgré tout, comme je reste persuadée qu’en parler est indispensable, je fais cet article.

Le résumé est très explicite : un renard maigrichon et au charisme d’un mouche tente de trouver sa place dans la chaîne alimentaire de la magie. Mais, les poules  le tabassent et même les moineaux n’ont pas peur de lui. Le loup lui souffle alors une idée : voler des oeufs, les couver pour les faire éclore, puis engraisser les poussins et enfin les manger ! Mais le tout va se compliquer quand les poussins le prennent pour leur « maman ».

Quiproquos, situations rocambolesques, personnages feignant, hargneux, tyranniques ou nonchalants, dialogues et répliques au potentiel culte… C’est tout simplement génial ! Drôle et truculent !

Pour donner un exemple de son succès, je l’ai vu dans deux ou trois librairies mis en avant et chaudement conseillée par les libraires. Et puis, toute ma famille l’a lue, l’a relue et approuve.

Pour terminer, un petit extrait :

Petites coupures à Shioguni – Florent Chavouet

Florent CHAVOUET

Petites Chroniques à Shioguni

Editions Philippe Picquier, 2014

184 pages

Présentation de l’éditeur

Kenji avait emprunté de l’argent à des gens qui n’étaient pas un banque pour ouvrir un restaurant que n’avait pas de clients. Forcément quand les prêteurs sont revenus, c’était pas pour gouter les plats.


 Ces deux phrases résument très mal cette bande dessinée ! Mais est-il vraiment possible de la résumer ? Disons que ces deux phrases sont une mise en bouche qui recèle tellement plus que ce que ça paraît être.

Cette introduction est brouillonne et elle le restera. En effet, je n’ai aucune intention de l’éclaircir, pour garder de quoi vous communiquer aussitôt mon enthousiasme : c’était génial !

Florent Chavouet est l’auteur de Tokyo Sanpo et Manabé Shima, deux carnet de voyages dessinés sur le Japon. Ici, il reste dans le même coin du monde, mais dans le genre polar, et encore un polar assez particulier.

Petites coupures à Shioguni est le récit d’une nuit dans le quartier de Shioguni. Il met en présence plusieurs personnages : un cuisinier, trois yakuzas, une jeune voleuse, un commissaire affamé, deux policiers, un chauffeur de taxi, un petit garçon… se croisent lors d’une nuit mouvementée, mais dont les causes et les facteurs ne pas bien identifiés. Et c’est donc un enquêteur déterminé, que l’on ne voit jamais, qui va tirer tout ça au clair. La BD mêle de manière artistiquement désordonnée (c’est-à-dire que le bazar apparent est savamment organisé pour les besoins de l’intrigue et son suspens) les pages d’un carnet de notes, les évènements de la nuit racontées de manière chronologique, et des entretiens menés avec les différents protagonistes.

On a l’impression d’avoir affaire à un joyeux méli-mélo (il y a un tigre, nom de Zeus, un tigre !), mais on se rend compte à la fin que c’était soigneusement orchestré pour découvrir la fin de l’histoire. Cet éclatement du récit ne sert qu’à mieux semer le lecteur qui va alors reconstruire petit à petit les évènements de la fameuse nuit.

Le dessin est riche, coloré, et le tout ne manque pas d’humour. J’adore ce style, j’adore ces histoires qui sèment des fausses pistes et jouent de cette manière avec l’intrigue. J’adore ces livres qui ne sont pas ce qu’ils ont l’air d’être, qui allient le visuel et le récit pour  surprendre et déjouer toutes les attentes qu’on pouvait avoir à son propos. J’adore et je conseille dans la foulée (j’ai posé la BD au milieu du salon, chez mes parents et elle a été lue et appréciée de nombreuses fois !).

Pour finir de vous convaincre, sachez que cette bande dessinée a remporté le Fauve Polar SNCF du Festival d’Angoulême.

Pilules Bleues – Frederik Peeters

Frederik Peeters

Pilules Bleues

Editions Atrabile, 2013

190 pages

Collection Flegme

Présentation de l’éditeur

A travers  une histoire simple et des thèmes universels (l’amour, la mort), Frederik Peeters nous parle de sa rencontre avec Cati, de ce maudit virus qui va bouleverser la donne, et de toutes les émotions les plus contradictoires qu’il va devoir apprendre à gérer : compassion, pitié ou amour pur et inaltérable ? Pilules bleues nous propose, sans pathos ni sensationnalisme, de regarder sous un jour rarement abordé le quotidien de la maladie, tout en nous balançant quelques vérités surprenantes et bien senties sur le sujet. Malgré la gravité du thème, Pilules bleues se présente comme une œuvre remplie de fraîcheur et d’humour.


 Cet ouvrage de Frederik Peeters, avec son ancrage autobiographique, est un témoignage, un récit sur le fait de vivre la maladie (on parle bien du sida) au quotidien. Il rencontre Cati, d’abord comme l’amie d’un ami, puis alors qu’elle est mariée, avec son petit garçon. Elle va devenir sa compagne. Elle est séropositive, comme son fils et elle se sent coupable, responsable de la maladie de son fils. Il se retrouve à devoir accepter cette situation et à trouver un moyen de la gérer. Suit alors leur vie à deux, leurs interrogations, leurs frayeurs, le traitement du petit, les rendez-vous avec le médecin.

(On peut trouver pleins d’images de Pilules Bleues sur Internet. Pour voir celle-là, clic droit > afficher l’image)

C’est donc une histoire d’amour, une histoire de famille (recomposée), et une histoire de maladie. Mais c’est une très belle histoire.

Frederik Peeters brosse, en noir et blanc, un récit touchant, très intime, qui propose une vision peu courante sur cette maladie, et va même bousculer quelques idées reçues. Il va parler des inquiétudes, des joies, des angoisses, de la gestion de la maladie au quotidien.

Cette BD avait déjà été publié en 2001. Les éditions Atrabile l’ont rééditée en 2013, avec des pages bonus. On voit donc les personnages 13 ans après la première édition, façon interview dessinée.

J’aimais déjà beaucoup le travail fantastique/SF de Frederik Peeters (Lupus, Château de sable, Aâma), et là, c’est une histoire intime, mais c’est aussi très bien raconté. Je me trouve d’ailleurs à court de mots pour bien en parlé (c’est pour ça que j’ai choisi une telle « présentation de l’éditeur », aussi détaillée). C’était une très belle lecture et je le conseille à tout le monde, sans distinction !

Polina – Bastien Vivès

Couverture - Polina

Bastien VIVES

Polina

Editions KSTR, 2011

206 pages

Présentation de l’éditeur

« Il faut être souple si vous voulez espérer un jour devenir danseuse. Si vous n’êtes pas souple à 6 ans, vous le serez encore moins à 16 ans. La souplesse et la grâce ne s’apprennent pas. C’est un don. Suivante… »


Polina nous montre le parcours d’une jeune danseuse, Polina Oulinov, depuis son apprentissage dans une académie, jusqu’à sa consécration. Le lecteur va donc la suivre depuis son audition pour entrer dans la classe de M. Bojinski, professeur de danse sévère et exigeant, jusqu’à ce qu’elle devienne célèbre en empruntant un chemin étonnant. Elle va faire des rencontres, développer sa passion, chercher sa voie également, dans le classique, le contemporain, ou même la comédie musicale.

Le dessin est en noir et blanc, avec des traits épurés, parfaits pour montrer la grâce et la légèreté ou le mouvement et l’énergie de la danse. Les scènes de danse sont d’ailleurs très belles. Le passage du temps, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, est aussi bien bien géré. Il se fait facilement. On voit Polina grandir, murir, évoluer, douter, s’affirmer.

C’est une histoire touchante. C’est l’histoire d’une recherche, celle de son art. On voit aussi la relation professeur-élève qui se tisse et se développe entre Polina et M. Bojinski, complexe, et qui va sous-tendre toute l’histoire. L’héroïne est attachante. Elle suit un parcours qui au delà de la passion, peut faire écho à celle de beaucoup de gens : des difficultés, des doutes… Sa quête de soi est un autre aspect très important de cette histoire.

« La danse, c’est de l’art. Il n’y a pas d’adversaire, pas de partenaire. »

Ma chronique sera maigre, encore une fois – je reprends après près d’un mois sans entraînement – mais cette BD a été une lecture qui m’a particulièrement plu et qui m’a beaucoup touchée. Je la conseille d’ailleurs à tout le monde !

Mjöllnir – Oliver Peru et Pierre-Denis Goux

Couverture - Mjöllnir 1Couverture - Mjöllnir 2

Oliver PERU et Pierre-Denis GOUX

Mjöllnir

1. La Marteau et l’enclume

2. Ragnarök

Editions Soleil, 2013

2 volumes (série terminée)

Collection celtique. Légendes nordiques

Présentation de l’éditeur

Même au sommet d’une montagne, un nain reste un nain, dit-on souvent. Loin des étoiles, près de la terre… les petits hommes regardent le monde en levant les yeux. Mais parfois, il en est parmi eux qui deviennent des géants.

Combien d’histoires du Nord devenues légendes chantent la vérité ? Combien racontent que des petits hommes ont défait des grands ? Même au sommet d’une montagne, un nain reste un nain, dit-on souvent. Loin des étoiles, près de la terre… les petits hommes regardent le monde en levant les yeux. Mais, parfois, il en est parmi eux qui deviennent des géants. Combien de légendes parlent de ceux-là ? Aucune… jusqu’à ce jour. Aucune jusqu’à Mjöllnir.


 Thor est un nain. Il quitte son village pour mener une expédition contre des humains qui ont capturé certains des siens pour les faire combattre dans une arène. L’expédition ne se déroule pas bien, ils doivent combattre et Thor sauve les siens en faisant appel à un pouvoir qu’il ignorait posséder : celui de la foudre. C’est alors l’ébullition : les sages de son village le prennent pour un dieu et des hommes envoient des émissaires pour le rencontrer et l’éliminer.

Oliver Peru et Pierre-Denis Goux revisitent la légende de Thor et certains mythes nordiques, comme Odin, Loki, les Walkyries ou encore les dragons, en replaçant tous ces personnages dans un monde de fantasy avec des nains, des hommes et des elfes. Cette reprise est assez originale et faite intelligemment. Thor est un nain normal, qui n’aspire qu’à vivre une vie paisible avec sa famille dans son village, mais les évènements en décident autrement. C’est la loi de son peuple qui l’oblige à mener une attaque contre les hommes pour libérer les siens des arènes et c’est Mjollnir, le marteau légendaire, qui se rappelle à lui et déchaîne ses ennemis contre lui.

Cette série est courte – deux tomes seulement – mais cela est suffisant pour explorer la légende de Thor le nain qui possède les pouvoirs du dieu et celle de Mjöllnir. J’ai bien aimé la fin et n’ai ressenti aucune frustration, plutôt satisfaite de toute cette histoire.

Le gros point positif de cette histoire, c’est le graphisme. Le dessin de Pierre-Denis Goux est magnifique. Il a fait prendre vie aux créatures légendaires et fantastiques. Je pense notamment aux images du dragon ou aux croquis qui complètent l’édition du tome 1 que j’ai eu entre les mains.

(Image trouvée là)

Je n’ai pas trouvé les images que je voulais, mais je vous autorise et vous recommande d’aller soigneusement observer les couvertures des deux tomes, ça vous donne une idée du chef d’œuvre.

Je reprends la rédaction de chroniques après pratiquement un mois sans pratiquer et je peine un peu à développer un avis plus argumenté sur cette série. Toutefois, je vous encourage à vous faire votre propre avis en allant feuilleter en librairie ou en allant l’emprunter en bibliothèque (comme moi). J’ai beaucoup aimé avoir un aperçu des légendes nordiques – en dehors des histoires de superhéros de Thor Loki etc. en version film ou comic, je connais peu. Si la reprise dans un monde de fantasy peut paraître un peu facile – c’est l’effet que ça m’a fait au début parce que je venais de lire La nuit des elfes de Jean-Louis Fetjaine qui adapte la légende arthurienne dans un monde de fantasy. Mais sinon, j’en garde depuis ma lecture un très bon souvenir. Et je vais suivre le parcours du dessinateur, parce que ses dessins m’ont définitivement tapé dans l’oeil

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Elfes, 2. L’honneur des Elfes sylvains – Nicolas Jarry et Gianluca Maconi

Nicolas JARRY et Gianluca MACONI

Elfes, 2. L’honneur des Elfes sylvains

Editions Soleil, 2013

56 pages

Présentation de l’éditeur

Les Elfes sylvains se sont retirés du monde et préservent jalousement leur indépendance et leurs lieux sacrés. Quiconque pénètre sur leur territoire devient une proie…

Eysine, Cité-Etat de l’Est, a toujours vécu dans le respect des anciennes lois liant les Elfes et les Hommes. Pourtant, quand une puissante armée de mercenaires Orks assiège le royaume, Llali, la fille du roi de la cité, décide de rappeler aux Elfes le traité qui autrefois liait leurs deux races.

Le récit est celui de deux peuples qui ont oublié leur passé commun… Il est aussi celui d’un Elfe et d’une femme qui portent en eux le pouvoir de faire renaître ce passé.


Ce deuxième tome de la série Elfes nous emmène à la rencontre d’un second peuple : les Elfes sylvains. Cette évidence posée ( le titre est suffisamment explicite à ce sujet ^^), qu’ont-ils de différents des Elfes bleus ? Les Elfes sylvains ont autrefois combattus aux côtés des hommes contre un ennemi commun. Mais les hommes ont changé. Les druides, qui leur permettaient d’avoir un lien avec la nature et de la comprendre à la manière des elfes, ont disparus. Les Elfes se sont retirés dans leurs forêts et en ont interdit les accès aux hommes.

Les cités avec lesquelles ils avaient d’anciennes alliances se déchirent. Eysine est attaquée par des cohortes de monstres, commandités par des marchands voulant s’approprier sa seule richesse : le contrôle d’un détroit. Llali, la fille du roi, fait une sortie désespérée, les anciennes histoires en tête, pour chercher de l’aide auprès des Elfes. Elle rencontre Yfass, un Elfe plus jeune que les autres qui voit en elle ressurgir un pouvoir ancien, et comprend sa demande.

L’action débute in medias res, et la situation est expliquée par quelques flash back. Ce procédé rend les choses un peu confuses, le temps de le remettre dans l’ordre, puis l’intrigue va se dérouler, linéaire, suivant ses péripéties. Comme pour le premier tome de la série, tout cela se déroule en un seul tome. Cette contrainte est bien gérée et permet d’avoir une histoire complète, de son début jusqu’à son dénouement, tout en lui donnant des antécédents historiques. La frustration du one-shot est encore présente, ce gout de précipité et un peu d’inachevé. Cela n’empêche pas cette histoire d’être complète, passionnante, et de se trouver surprenante par son contenu sous-jacent : tolérance et respect, façon fable écologique. Tout cela reste assez diffus, et donc ce n’est pas une morale qu’on cherche à matraquer au lecteur.

Il m’aura fallu un peu de temps pour m’habituer aux dessins, mais très vite, j’ai admiré les paysage et je me suis attachée aux personnages.

Cet album se trouve bien dans le prolongement lancé par Jean-Luc Istin avec le premier tome : Le Crystal des Elfes bleus. Un nouveau peuple, une nouvelle intrigue, les mêmes grands thèmes, la même esthétique et la même construction d’intrigue. Tout cela fait un merveilleux travail, de quoi enchanter les lecteurs amateurs de BD et de fantasy.

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