Steven HALL
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde
(traduit par Pierre Guglielmina)
Editions J’ai lu, 2011
505 pages
Présentation de l’éditeur
Un matin, Eric Sanderson se réveille amnésique. Une série de lettres qu’il s’étaient adressées à lui-même le lance sur les traces de son passé. De textes codés en indices, il découvre qu’un requin qui vit dans les eaux troubles de la pensée, le traque pour dévorer ses souvenirs. Il plonge alors dans un monde parallèle inquiétant, où l’attend un amour échappé du temps.
Eric se réveille un jour sur le tapis de sa chambre, l’esprit vide, sans souvenir. Un jeu de lettres laissé en évidence le mène à une psychiatre qui lui explique qu’il souffre d’une amnésie particulière. Elle lui raconte qu’il a vécu une perte, celle de Clio, sa petite amie, lors d’un voyage en Grèce et que c’est plusieurs mois après ses funérailles que l’amnésie s’est déclenchée. Elle le met aussi en garde contre des lettres qu’il a pu s’écrire avant de perdre la mémoire. Celles-ci arrivent à un rythme régulier, alors qu’il tente de retrouver une vie normale, et il décide de les ignorer. Jusqu’au jour où un colis étrange déclenche un évènement qui soulève de nombreuses questions : il reprend les lettres pour les lire. Il apprend qu’un monstre conceptuel le guette : un requin qui nage dans les flux des concepts et de la pensée le traque pour dévorer ses souvenirs. Il doit alors se protéger et part à la recherche du seul homme capable de l’aider à affronter le monstre.
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde, titre absolument magnifique en passant, est un roman inclassable. Entre littérature contemporaine et science fiction (ou serait-ce plutôt fantastique ?), l’auteur nous présente un monde où les flux de mots et de concepts sont des courants marins et sont habités par des poissons qui s’en nourrissent. J’adore cette idée ! C’est un peu perturbant, sur le coup, mais il développe ça de manière intelligente, intéressante, cohérente, tout en laissant la place à l’imagination et à l’interprétation.
C’est un univers fou pour un premier roman, je suis vraiment admirative. Le style est parfois inégal, on y trouve quelques platitudes mais aussi de très beaux morceaux poétiques. L’auteur a donc une marge de progression, mais c’est très prometteur pour ces prochaines oeuvres. J’ai du mal à parler de ce roman, parce que, autant l’auteur arrive plutôt bien à parler de choses indicibles ou difficiles à saisir, autant je peine à y mettre des mots. Par contre, j’ai très vite été passionnée, je n’ai pas senti les pages se tourner, et la fin est à la hauteur de cet investissement dans la lecture, donc je suis très satisfaite et admirative, encore, du travail qu’a accompli l’auteur ici.
Je ne sais pas si j’aurais été claire ou même si mes vagues explications auront pu vous convaincre. Toutefois si le titre ou le concept derrière l’histoire vous titille, n’hésitez pas à découvrir ce roman indescriptible. Je me suis laissée persuader sans trop savoir dans je me lançais et j’ai beaucoup aimé ce que j’y ai trouvé.