Le Roi n’a pas sommeil – Cécile Coulon

Cécile COULON

Le Roi n’a pas sommeil

Editions Points, 2014

152 pages.

Présentation de l’éditeur

Thomas Hogan aura pourtant tout ait pour exorciser ses démons – les mêmes qui torturaient déjà son père. Quand a-t-il basculé ? Lorsque Paul l’a trahi pour rejoindre la bande de Calvin ? Lorsqu’il a découvert le Blue Bird, le poker et l’alcool de poire ? Lorsque Donna l’a entraîné naïvement derrière la scierie ?

Prix Mauvais genre 2012 (France Culture – Le Nouvel Observateur).


William Hogan rêvait de posséder une maison et un grand terrain couvert de forêt. Il a eu un héritage, a acheté la maison et le terrain, a épousé Mary. Il se tue à la tâche pour entretenir sa propriété, et il est donc peu présent quand naît Thomas. L’enfant est chétif. Sa mère l’adore, son père l’impressionne. Quand ce dernier meurt après un accident, Thomas continue de vivre et de grandir sous son ombre. Fragile et vulnérable, il est bon en classe, généreux, mais le caractère de son père semble le rattraper.  Il devient taiseux, se met à boire, joue au poker. Il vit sur la propriété de son père, la seule chose dont il rêve. Les gens l’énervent de plus en plus. Et un soir, tout dérape.

Puppa ne connaissait pas Thomas, ils ne s’étaient jamais vraiment parlé, mais tout dans l’attitude du môme lui rappelait la violence contenue qui avait frémi chez William. Sa façon de se tenir en retrait, son regard quand une gamine criait trop fort, le mouvement de ses lèvres sans que le moindre son s’en échappe, il y avait quelque chose de son père en lui, un mauvais sang qui roulait dans ses veines : l’écume avant l’orage.

 Notre histoire se place dans une sorte d’Amérique fantasmée, une petite ville dans une région forestière éloignée des centres d’activité, un temps indéterminé, mais proche de nous. L’histoire est celle de Thomas et de l’héritage légué par son père, l’amour pour une terre et une maison, et une rage rentrée. Sa vie a basculé un jour. Comment, on l’ignore encore. Pourquoi, c’est ce que le roman va nous raconter.

Le roman est court, le style dense, précis, percutant et créateur d’une ambiance bien particulière. Un déterminisme latent guide le récit, avec l’idée qu’il n’y a pas d’avenir possible pour notre personnage, et pour ceux qui l’entoure, si ce n’est dans le chemin déjà tracé par les parents. La violence paternelle a engendré un jeune homme tourmenté, qui va subir et user de cette violence. J’ai aimé ce roman pour cette ambiance, sobre, de violence rentrée et d’horizon bouché. C’est une oeuvre remarquable pour une auteure jeune (un an de plus que moi), et qui fait parler d’elle.

Thérèse Desqueyroux – François Mauriac

François MAURIAC

Thérèse Desqueyroux

Editions Le Livre de Poche, 2010

189 pages

Présentation de l’éditeur

Première édition en 1927.

Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d’empoisonner, dépose de telle sorte qu’elle bénéficie d’un non-lieu. Enfermée dans sa chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sais plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ?

Dans ce livre envoûtant, François Mauriac a réussi un fascinant portrait de criminelle.


Thérèse sort de son procès qui s’est terminé en non-lieu. Elle a voulu empoisonner son mari, mais celui-ci s’en est sorti. Elle reprend la route pour retrouver son mari, et sur le chemin, elle prépare ce qu’elle va pouvoir lui dire, et remonte dans ses souvenirs pour trouver une explication à son geste. A son arrivée, Bernard, son mari, ne la laisse pas s’exprimer et lui impose la réclusion avec quelques sorties en public pour faire taire les rumeurs. Mais Thérèse se laisse dépérir.

« Contre moi désormais, cette puissante mécanique familiale sera montée, – faute de n’avoir su ni l’enrayer ni sortir à temps des rouages. Inutile de chercher d’autres raisons que celle-ci : « parce que c’était eux, parce que c’était moi… » Me masquer, sauver la face, donner le change, cet effort que je pus accomplir moins de deux années, j’imagine que d’autres êtres (qui sont mes semblables) y persévèrent souvent jusqu’à la mort, sauvés par l’accoutumance peut-être, chloroformés par l’habitude, abrutis, endormis contre le sein de la famille maternelle et toute puissante. Mais moi, mais moi, mais moi… »

La première partie du roman remonte le temps, en même temps que Thérèse fait défiler ses souvenirs, pour découvrir la vie que Thérèse a mené auprès de son mari et l’évènement qui a bouleversé sa vie et celle de sa famille. La deuxième partie raconte l’après : la réaction du mari, la punition et la réclusion.

L’auteur nous présente ici à la fois le portrait d’une femme criminelle, et à la fois le portrait d’une tranche de population, cette bourgeoisie des Landes très attachée à ses valeurs familiales et prête à tout pour conserver son image. Thérèse est jeune, riche, mais elle ne parvient pas à se faire à la vie  de ces familles rurales,  étouffante et aliénante. Son personnage est intéressant parce que, de mon point de vue, elle est autant criminelle que victime d’une certaine manière, alors même qu’elle ne parvient pas à expliquer son geste. La famille et le mari retiennent la seule qui leur convient, à savoir l’argent : elle a tenté de le tuer pour garder la fortune pour elle. Mais on est loin de cette explication simpliste.

Ce roman a rejoint le cercle des classiques. Il a d’ailleurs fait l’objet de deux adaptations cinématographiques. C’est donc un gage certain de sa qualité. Pour ma part, j’ai apprécié ma lecture et j’ai aimé me plonger dans la tête de Thérèse. Est-ce que je le conseille ? Mais oui, pourquoi pas ?!

XXe siècle

Le premier été – Anne Percin

Couverture - Le premier été

Anne PERCIN

Le premier été

Editions Babel, 2014

180 pages

Présentation de l’éditeur

Deux soeurs se retrouvent une fin d’été en Haute-Saône, afin de vider la maison de leurs grands-parents décédés. Depuis longtemps, Catherine, la benjamine, se tient loin de ce village… Pourtant, chaque coin de rue ou visage croisé font surgir en elle des souvenirs précis et douloureux. Sa soeur aînée a fondé une famille, elle, non. Devenue libraire, c’est une femme solitaire.

A l’adolescence, elle passait déjà des heures dans les livres, mais pour décrire ce qu’elle a vécu ici, l’été de ses seize ans, elle n’a pas trouvé les mots. A l’époque, tandis que sa sœur flirtait au au bord de la piscine avec les garçons de la colo, Catherine fut troublée par un jeune homme du village, qui ne ressemblait pas aux autres. Mais elle ne comprit que peu à peu la nature profonde de leur différence.

Quinze années plus tard, elle se résout à confier à Angélique le secret qui la ronge, celui d’un été marqué par la découverte du plaisir, mais aussi de la honte.

Une histoire d’innocence et de cruauté, sensuelle et implacable à la fois, douce-amère comme tous les crève-cœurs de l’enfance. »

Mon avis

Anne Percin m’avait séduite avec sa série publiée chez les éditions du Rouergue, Comment (bien) rater ses vacances. J’y avais trouvé un ado, Maxime, avec ses délires et ses coups de blues, très drôle et très bien dépeint. Ici, c’est encore de l’adolescence qu’il s’agit, mais abordée avec un sentiment de nostalgie doux-amer.

Catherine revient avec sa sœur aînée pour vider la maison de leurs grands-parents, dans laquelle elles avaient passé de nombreuses fois les grandes vacances, dans la campagne des Vosges. Elle se souvient d’un événement qui s’est passé lors de son dernier séjour, alors qu’elle avait 16 ans, et qui l’a marquée et qui a décidé d’une bonne part de sa vie d’adulte.

L’auteur décrit avec beaucoup de justesse des relations des adolescents entre eux, leurs amitiés qui ne se font pas sans friction ni compromis. Il y a surtout la figure de la grande sœur frivole, gardienne de la normalité, de ce qui se fait et ne se fait pas. Il y a aussi ce qui marque la fin de l’enfance et de l’innocence, la découverte de la cruauté des autres, ce regard qui fait honte parce qu’on s’éloigne de ce qui fait la norme. Tout cela est exacerbé par l’ambiance du petit village, dans lequel tout le monde connait tout le monde et où tout se sait.

Je pense que, parmi les différentes images de l’adolescence montrées ici par l’auteur, tout le monde pourra se reconnaître, ou reconnaître un moment vécu durant cette période et qui nous ramènera à celui ou celle qu’on était alors.

J’ai été très émue par ce roman. Il est court, mais Anne Percin parle merveilleusement bien de l’adolescence, dans un registre très différent de Comment (bien) rater ses vacances, et je le conseille parce que le souvenir et l’introspection de Catherine le montre comme un moment fort et déterminant de notre vie. D’ailleurs, on s’en remet (ou pas).

Des films en quelques mots (6)

Le blabla introductif est . Au programme, mes dernières sorties au cinéma. (La toute dernière datant d’hier soir, pour une fois, c’est du récent !)

The Salvation – Kristian Levring

Long métrage danois, britannique, sorti en 2014, avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Jeffrey Dean Morgan…

Genre : Western, drame

Synospsis

1870, Amérique. Lorsque John tue le meurtrier de sa famille, il déclenche la fureur du chef de gang, Delarue. Trahi par sa communauté, lâche et corrompue, le paisible pionnier doit alors traquer seul les hors-la-loi.

Mon avis

John est un immigré danois, ancien soldat, qui s’est installé aux Etats Unis avec son frère. Après 10 ans en Amérique, il réussit enfin à faire venir sa femme et son fils restés au Danemark. Mais dans la diligence qui les ramène de la gare, deux hommes violents embarquent et tuent sa famille.

J’espérais voir un western contemporain, qui ajouterait quelque chose au genre, mais c’est resté assez banal, très classique. Les ressorts de l’intrigue sont ceux que l’on retrouve dans de nombreux western : un « grand méchant » oppresse une communauté qui lui obéit au doigt et à l’oeil, et se détourne de celui qui essaie de s’opposer à l’oppresseur. Le mécanisme de la vengeance crée d’assez belles scènes de combat et de fusillade, les images sont d’ailleurs belles, avec ce jeu sur la saturation. J’ai tout de même bien aimé, parce que j’aime bien le western de manière générale, mais ce n’est pas celui qui me restera le plus longtemps en mémoire. J’aurais aussi attendu un rôle plus important pour Eva Green. Mais son personnage, muet, a peu de présence. Autre point à souligner : je n’avais encore jamais vu de western où l’enjeu sous-jacent comme ici était l’exploitation du pétrole. C’est un thème nouveau pour moi, et un point positif à ajouter à ce film.

Les Combattants – Thomas Cailley

Long métrage français, sorti en 2014, avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs, Antoine Laurent…

Genre : Comédie. Romance.

Synospsis

Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d’Arnaud s’annonce tranquille… Tranquille jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé ? C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux.

Mon avis

J’ai eu un sentiment très bizarre en tapant « Romance » dans la catégorie du genre pour ce film. Parce que c’est tellement loin des classiques et des clichés du genre que ça m’a presque paru inapproprié. Arnaud est un garçon pas très sûr de lui. Il vient de perdre son père et hésite à reprendre l’entreprise familiale avec son frère. Madeleine rêve d’intégrer les commandos pour s’entraîner à survivre à la fin du monde. Elle est du genre têtue et très déterminée, au point de boire du maquereau mixé le matin pour s’entraîner au test d’entrée dans les commandos. Arnaud trouve Madeleine fascinante et il va même s’inscrire à un stage à l’armée pour la suivre. Mais ça ne se passera pas comme ils le souhaitent. Romance ? un peu quand même. Mais je garde quand même de ce film les scènes absurdes de dialogues francs entre Madeleine et Arnaud – très drôle -, les scènes de caserne et de survie. La fin du film est étrange : elle marque un tournant dans le ton et ça en devient étrangement décalé. Une scène de la fin m’a cependant beaucoup marquée, alors que la fin du monde semble tangible, et c’est sûrement ce que je garderais de ce film.

Il faut aussi ajouter que l’actrice qui joue Madeleine est parfaite dans son rôle

Hippocrate – Thomas Lilti

Long métrage français, sorti en 2014, avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin…

Genre : Comédie dramatique

Synospsis

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

Mon avis

L’hôpital comme vous ne l’avez jamais vu – sauf si vous le fréquentez vous-même – ou en tous cas pas au cinéma ! On va suivre deux internes, Benjamin et Abdel qui travaillent dans le même service. Leurs patients, leurs difficultés, leurs erreurs, les problèmes qui sont ceux de l’hôpital aujourd’hui : manque de places, de moyens… Tout ce qui est raconté et montré a l’air très réaliste et spontané. C’est parfois drôle, touchant, même émouvant. C’est un bon film et je vous le conseille.

Pride – Matthew warchus

Long métrage britannique, sorti en 2014, avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Paddy Considine…

Genre : Comédie, Drame.

Synospsis

Eté 1984 – Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de leur marche à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre l’argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

Mon avis

J’aime beaucoup l’ambiance de ces films anglais engagés, ou en tous cas racontant une histoire d’engagement pour la défense de valeurs. C’est festif, coloré, plein de bonne humeur et on en sort ragaillardis. Certes, il y a aussi des passages dramatiques – évidemment -, c’est un peu cliché par moment, on retrouve des personnages très typés, voire stéréotypés. Pride n’est pas vraiment le film de l’année, mais j’ai apprécié le voir parce que l’ambiance est chouette, c’est drôle et le message est réconfortant.

Voilà :)

Dracula Untold – Gary Shore

Long métrage américain, sorti en 2014, avec Luke Evans, Sarah Gadon, Dominic Cooper

Genre : Action, Fantastique, Epouvante-Horreur

Synospsis

L’histoire débute en 1462. La Transylvanie vit une période de calme relatif sous le règne du prince Vlad III de Valachie et de son épouse bien-aimée Mirena. Ensemble, ils ont négocié la paix et la protection de leur peuple avec le puissant Empire ottoman dont la domination ne cesse de s’étendre en Europe de l’Est. Mais quand le sultan Mehmet II demande que 1000 jeunes hommes de Valachie, dont le propre fils de Vlad, Ingeras, soient arrachés à leur famille pour venir grossir les rangs de l’armée turque, le prince doit faire un choix : abandonner son fils au sultan, comme son père l’a fait avant lui, ou faire appel à une créature obscure pour combattre les Turcs et par là même assujettir son âme à la servitude éternelle. Vlad se rend au pic de la Dent Brisée où il rencontre un abject démon et conclut un accord faustien avec lui : il acquerra la force de 100 hommes, la rapidité d’une étoile filante et les pouvoirs nécessaires pour anéantir ses ennemis, en l’échange de quoi, il sera accablé d’une insatiable soif de sang humain. S’il parvient à y résister pendant trois jours, Vlad redeviendra lui-même, et sera à même de continuer à protéger et gouverner son peuple, mais s’il cède à la tentation, il entrera le monde des ténèbres pour le restant de ses jours, condamné à se nourrir de sang humain et à perdre et détruire tout ce et ceux qui lui sont chers.

Mon avis

Impossible de prendre au sérieux ce film. Vous me diriez avec une affiche et une bande annonce particulière, j’aurais pu m’en douter. Mais même avec ce genre de blockbusters, on peut s’attendre à passer un bon moment. Là il y a trop d’exagérations partout (la réalisation avec tous ces effets bien lourds, l’histoire, le jeu des personnages…) qui détruisent la crédibilité du film, et j’ai pas pu entrer dans l’histoire et la prendre au sérieux. Sans compter qu’il y a pour moi des faiblesses au niveau du scénario et que la fin tombe comme un cheveu dans la soupe, sans raison. Bref, c’est loin d’être le film que j’ai préféré aller voir au cinéma dernièrement. D’où ce commentaire : j’ai ri, sauf que ce n’était pas une comédie.

Top Of The Lake – Jane Campion et Gerard Lee

Top of the lake

Année de production : 2013. Série britannique (1 saison, terminée)

Genre : Drame, policier.

Créée par : Jane Campion et Gérard Lee

Avec : Elisabeth Moss, Holly Hunter, Peter Mullan…

Synopsis :

Tui, une jeune fille âgée de 12 ans et enceinte de 5 mois, disparaît après avoir été retrouvée dans les eaux gelées d’un lac du coin. Chargée de l’enquête, la détective Robin Griffin se heurte très rapidement à Matt Mitcham, le père de la jeune disparue qui se trouve être aussi un baron de la drogue mais aussi à G.J., une gourou agissant dans un camp pour femmes. Très délicate, l’affaire finit par avoir des incidences personnelles sur Robin Griffin, testant sans cesse ses limites et ses émotions…

Mon avis

La Nouvelle Zélande. Ses paysages d’une beauté à couper le souffle, sa nature grandiose… Tout laisse l’impression d’un environnement paisible et idyllique. Pourtant, c’est là que Tui, 12 ans, disparaît alors qu’elle est enceinte de 5 mois. Et tout de suite, naît le malaise.

Top of the lake

Robin Griffin travaille pour le service de la protection infantile. Elle a son propre passif en terme de violences subies et de traumatismes. Elle est chargée de l’enquête pour retrouver Tui, ce qui va la confronter à ses démons, mais aussi au malaise latent qui demeure à Laketop. Il y règne un climat malsain sous des airs de paradis.Elle va interroger Matt Mitcham, le père de Tui qui refuse de lui répondre ou la considère avec mépris affiché. Au même moment, une communauté de femmes vient s’installer sur une parcelle nommée Paradise, comme une sorte de tribu organisée autour de son gourou, GJ, une femme mystérieuse qui s’emploie à détruire les illusions des femmes blessées qui l’entourent.

Le format de sept épisodes permet un développement impossible à réaliser dans un film de deux heures. Le contenu en est dense, se déroule avec lenteur mais puissance. Et ça fait froid dans le dos. Les souffrances montrées et racontées sont multiples, chaque personnage a son secret, ce qui le rend ni tout noir, ni tout blanc. L’ambiguïté demeure et c’est au spectateur de faire la part des choses. Les valeurs ne sont pas celles qu’on attend et même l’idée de famille devient mortifère, et que la justice se fait attendre. La violence, omniprésente, semble être le seul moyen d’exister dans ce monde machiste. Les personnages masculins campent des figures archaïques, comme Matt Mitcham, baron de la drogue, violent, agressif et menaçant, ou encore Al Parker, le chef de la police locale qui, sous des dehors charismatique, n’a pas l’air net. Les femmes, au contraire, semblent rechercher une nouvelle liberté en allant s’isoler dans un coin perdu. Mais elles ont bien du mal à passer outre ces deux figures d’autorité et le pouvoir qu’elles incarnent.

Top of the lake est riche d’interprétation et de symboles. Il y a beaucoup à en dire, notamment sur les relations perverses qui se nouent, le rôle de la religion, la position des autorités instituées qui préfèrent fermer les yeux plutôt que d’affronter la réalité, la question de la famille, l’ambivalence des personnages qui empêche un traitement manichéen de toutes les questions soulevées par la série.

Cette série m’a beaucoup fait penser, alors que je la regardais, à Twin Peaks, la série créée par David Lynch. On y retrouve les mêmes secrets malsains cachés sous une nature verdoyante et une fausse convivialité, mais le côté hallucinatoire en moins. C’est noir, très noir, mais on a les deux pieds dans la réalité, et le scénario attendu de l’enquête policière s’éloigne rapidement du genre pour devenir un drame oppressant et dérangeant. Quant à l’aspect des violences faites aux femmes, on peut penser à Millénium, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, le premier film réalisé par le danois Niels Arden Oplev. Au delà de ça, les images sont magnifiques, la série prend aux tripes et laisse un arrière gout d’angoisse. Ce bout du monde aux airs de paradis ressemble bien plus à un enfer.

Top of the lake est une série courte d’une grande qualité. Je l’ai vu quand elle a été diffusée sur Arte et elle m’a beaucoup marquée. Le résultat est atypique, loin des formats auxquels on est habitué. Je la conseille à tous ceux que ces sujets intéressent, même si je me rend bien compte que leur traitement ne plaît pas à tout le monde (notamment par la lenteur des actions). Personnellement, j’ai été captivée et je souhaite que cette série subjuguera encore de nombreuses personnes !

Des films en quelques mots (2)

Le blabla introductif sur le pourquoi est . Quant au reste, le titre de l’article me semble suffisamment explicite.

Une arnaque presque parfaite, Rian Johnson

Affiche - une arnaque presque parfaiteLong métrage américain, sorti en 2008, avec Adrian Brody, Mark Ruffalo, Rachel Weisz…

Genre : Thriller, drame, romance

Synopsis

Deux frères sont spécialisés dans les arnaques de haut vol. Rien n’est impossible pour eux et les mises en scène sont toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Lorsqu’ils s’attaquent à une riche héritière excentrique, ils ne se doutent pas qu’ils vont avoir à faire à une charmante manipulatrice qui cache bien son jeu.

Mon avis

Le film m’a laissé un sentiment mitigé et confus. L’aspect manipulation des personnages entre eux et des spectateurs par les auteurs du film tourne un peu en rond et, au bout d’un moment, ça devient mollasson. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher et je ne suis pas très convaincue par cette histoire d’arnaque. Je n’ai peut-être rien compris du tout, mais ce que j’ai vu ne m’a pas incitée à y porter beaucoup d’attention.

Gangs of New York, Martin Scorsese

Affiche - Gangs Of New YorkLong métrage américain, sorti en 2003, avec Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis, Cameron Diaz…

Genre : Historique, drame, action

Synopsis

En 1846, le quartier de Five Points, un faubourg pauvre de New York, est le théâtre d’une guerre des gangs entre émigrants irlandais d’un côté, les Dead Rabbits menés par Père Vallon, et les Native Americans de l’autre, dirigés par le sanguinaire Bill le Boucher. Ce dernier met rapidement en déroute les Dead Rabbits en assassinant leur chef, et prend par la même occasion le contrôle exclusif des rues de la « grosse pomme ». Afin de renforcer ses pouvoirs, Bill s’allie avec Boss Tweed, un politicien influent. Seize ans plus tard, le gang des Native Americans règne toujours en maître dans New York. Devenu adulte, Amsterdam Vallon souhaite venger la mort de son père en éliminant Bill. Mais sa rencontre avec Jenny Everdeane, une énigmatique pickpocket dont l’indépendance et la beauté le fascinent, va compliquer les choses…

Mon avis

Ce film prend place dans un contexte historique intéressant : nous sommes en plein dans la Guerre de Sécession. On recrute les soldats dans les quartiers pauvres, ce qui provoque des émeutes, des lynchages et exacerbe le racisme envers les noirs et les immigrés. Je suis curieuse de savoir quelle est l’exactitude des faits historiques rapportés ici. Au delà de ça, j’ai globalement aimé : le propos, le jeu des acteurs, la réalisation… mais ce sont vraiment cette Histoire au delà de l’histoire de Amsterdam Vallon qui m’a intéressée.

Constantine, Francis Lawrence

Affiche - ConstantineLong métrage allemand, américain, sorti en 2005, avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Shia LaBeouf…

Genre : Action, fantastique, épouvante-horreur

Synopsis

John Constantine, extralucide anticonformiste, qui a littéralement fait un aller-retour aux enfers, doit aider Katelin Dodson, une femme policier incrédule, à lever le voile sur le suicide mystérieux de sa soeur jumelle. Cette enquête leur fera découvrir l’univers d’anges et de démons qui hantent les sous-sols de Los Angeles d’aujourd’hui.

Mon avis

Constantine se retrouve à démêler un complot ourdi par le fils du diable pour envahir le monde des hommes avec des hordes de démons. J’avoue que c’est le genre d’histoire qui me laisse froide et sceptique sur le principe et indifférente sur le reste. Le seul truc qui m’a vraiment plu c’est l’apparition de Satan incarné par Peter Stormare. Sinon, c’est peut-être un bon film, mais c’est difficile d’en juger puisque ce qu’il raconte ne m’a pas convaincue.

Infernal Affairs, Wai-keung Lau et Alan Mak

Affiche - Infernal AffairsLong métrage hong-kongais, sorti en 2004, avec Tony Leung Chiu Wai, Andy Lau, Anthony Wong Chau-Sang…

Genre : Policier, drame, thriller

Synopsis

Ming est une taupe dans la police de Hong Kong, implantée là par les bons soins du patron de la triade. Yan est un policier infiltré dans la triade depuis dix ans. Son casier judiciaire bien alourdi par les années est là pour témoigner de sa réussite. Parfaite symétrie des situations et des hommes : Ming et Yan sont également fatigués des rôles que leur font jouer, dans l’ombre, leurs patrons respectifs. Ming rêve de devenir un vrai policier. Yan est las de tuer au nom de la justice et voudrait pouvoir se retirer enfin.

Mon avis

J’en veux à Scorsese pour son spoil dans Les Infiltrés. Parce que Infernal Affairs c’est exactement la même intrigue au rebondissement près. Je m’en doutais et malgré tout, ça m’a perturbée. A part ça, Infernal Affairs est un très bon film. Je vais donc tâcher d’oublier Les Infiltrés pour me concentrer sur Infernal Affairs. Les deux acteurs principaux sont très bons. Ils incarnent deux personnages fatigués de leur double vie, s’interrogeant parfois à qui va leur loyauté. L’atmosphère est marquante : silence et lenteur n’introduisent pas moins de tension dans une intrigue millimétrée et nerveuse. C’est du grand thriller. A voir (avant Les Infiltrés !)

Austenland, Jerusha Hess

Long métrage britannique, produit en 2013, avec Keri Russel, J. J. Field, Jennifer Coolidge, Bret McKenzie…

Genre : Comédie, romance

Synopsis

Obsédée par la mini-série de la BBC « Orgueil et préjugés », une jeune femme se rend dans le parc d’attraction consacré à Jane Austen afin de trouver l’homme idéal.

Mon avis

Jane Hayes, une jeune femme fan de l’univers d’Orgueil et préjugés, se paie un séjour à Austenland pour une plongée au coeur de l’époque de l’écrivain, avec tenues et courtoisie d’époque, et même des acteurs payés pour faire vivre aux visiteuses une belle romance. Ce film est drôle et plaisant. Ça ne défrise pas, mais on passe un bon moment.

Le dernier samouraï, Edward Zwick

Affiche - le dernier samouraïLong métrage américain, sorti en 2003, avec Tom Cruise, Ken Watanabe, Timothy Spall…

Genre : Historique, guerre

Synopsis

En 1876, le capitaine Nathan Algren vit avec les souvenirs des batailles sanglantes menées contre les Sioux. Fort de son expérience au combat, il devient conseiller militaire pour le compte de l’empereur japonais soucieux d’ouvrir son pays aux traditions et au commerce occidentaux et d’éradiquer l’ancienne caste guerrière des samouraïs. Mais ceux-ci influent sur le capitaine Algren, qui se trouve bientôt pris entre deux feux, au coeur d’une confrontation entre deux époques et deux mondes avec, pour le guider, son sens de l’honneur.

Mon avis

Alors qu’il est au Japon pour entraîner les armées de l’empereur et combattre la rébellion de seigneurs samouraï, Algren est capturé par ces derniers lors d’une bataille. Soigné, nourri, il est accueilli par Kastumoto qui souhaite apprendre à connaître son ennemi. Algren se met à fréquenter les samouraïs. Initié à la voix du sabre, il appréhende peu à peu leurs valeurs et leur sens de l’honneur. Il est alors pris entre les traditions de cette caste de guerriers et la modernité qu’impose le monde occidental. Le tout n’est pas très subtile : c’est la marche dévastatrice du progrès pour créer un monde moderne contre les traditions millénaires, celles des Indiens d’Amérique comme celles des samouraïs. Ca reste un bon film. J’ai beaucoup aimé découvrir le Japon féodal et ses valeurs à travers les yeux de Nathan qui retrouve grâce à cette façon de vivre et à cette philosophie une paix intérieure depuis longtemps perdue. Tom Cruise a un rôle parfait pour lui et Ken Watanabe est plus que convaincant dans son rôle de chef de guerre charismatique. Le dernier samouraï est une fresque épique, puissante, servie par de beaux décors et une musique époustouflante.

Des films en quelques mots

[le blabla introductif pour expliquer le pourquoi de cet article] Cela fait un moment que je me dis que je ne parle pas assez de films ou de cinéma. J’en vois beaucoup, mais parfois je n’ai pas suffisamment de choses à dire pour en faire un article. Il faut aussi souligner que je m’y connais moins en cinéma et que je n’ai souvent pas le réflexe de m’interroger en terme de mise en scène, de cadrage, de plans ou autre terme barbare du genre, lors du visionnement ; j’ai donc du mal à argumenter mon avis sur les films que je vois. Et comme il serait dommage de ne pas en parler du tout, je me suis dit que ça pouvais être intéressant de parler de plusieurs films en même temps, ne serait-ce que quelques mots. [fin du blabla]

Source Code – Duncan Jones

Affiche - Source codeLong métrage américain, sorti en 2011, avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright…

Genre : Science fiction ; thriller

Synopsis

Colter Stevens se réveille en sursaut dans un train à destination de Chicago. Amnésique, il n’a aucun souvenir d’être monté dedans. Pire encore, les passagers du train se comportent avec lui avec familiarité alors qu’il ne les a jamais vus. Désorienté, il cherche à comprendre ce qui se passe mais une bombe explose tuant tout le monde à bord. Colter se réveille alors dans un caisson étrange et découvre qu’il participe à un procédé expérimental permettant de se projeter dans le corps d’une personne et de revivre les 8 dernières minutes de sa vie. Sa mission : revivre sans cesse les quelques minutes précédant l’explosion afin d’identifier et d’arrêter les auteurs de l’attentat. A chaque échec, les chances de pouvoir revenir dans le passé s’amenuisent. Alors qu’il essaie d’empêcher l’explosion, ses supérieurs lui apprennent qu’un deuxième attentat est en préparation en plein cœur de Chicago et qu’il ne s’agit plus de protéger les quelques passagers du train mais la ville toute entière. La course contre la montre commence…

Mon avis

Le Source code serait une sorte de programme informatique permettant de vivre mentalement quelques minutes de la vie d’une autre personne. On peut y agir, mais ces actions n’auront aucun effet sur la vie réelle, puisque toute l’expérience est virtuelle. Le principe est intéressant, et il est saisissant de revoir les quelques minutes se dérouler avec souvent les mêmes gestes, les mêmes dialogues, en se disant que ça va forcément finir de la même manière, tragique et inexorable. On a un peu l’impression de voir un remake d’Un jour sans fin, sur le procédé narratif. Cependant, les deux films n’ont rien à voir entre eux, Source Code prenant rapidement l’aspect d’une infernale course contre la montre. J’aime bien, mais je ne suis pas très convaincue par la fin.

Les émotifs anonymes – Jean-Pierre Améris

Affiche - Les émotifs anonymesLong métrage français, sorti en 2010, avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Lorella Cravotta…

Genre : Comédie, romance.

Synopsis

Jean-René, patron d’une fabrique de chocolat, et Angélique, chocolatière de talent, sont deux grands émotifs. C’est leur passion commune pour le chocolat qui les rapproche. Ils tombent amoureux l’un de l’autre sans oser se l’avouer. Hélas, leur timidité maladive tend à les éloigner. Mais ils surmonteront leur manque de confiance en eux, au risque de dévoiler leurs sentiments.

Mon avis

Cette histoire est charmante et drôle. On s’attache vite aux deux grands timides qui se laissent trop contrôler par leurs émotions et préfèrent prendre leurs jambes à leur cou plutôt que de montrer leur joie. L’ambiance chocolatée et gourmande fait saliver.

Pour une poignée de dollars – Sergio Leone

Affiche - Pour une poignée de dollarsLong métrage italien, sorti en 1964, avec Clint Eastwood, Marianne Koch, Wolfgang Lukschy, Sieghardt Rupp…

Genre : Western

Synopsis

Deux bandes rivales, les Baxter, trafiquants d’armes, et les Rojo, qui font de la contrebande d’alcool, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d’un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s’immisce entre les deux bandes. Proposant d’abord ses services aux Rojo, l’étranger va très vite tirer profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils Piripero.

Mon avis

Je résiste rarement à l’appel du bon vieux western. On n’est pas vraiment dans l’ampleur d’un Il était une fois dans l’Ouest ou d’un Le bon, la brute et le truand, mais c’est quand même sympathique de voir Clint Eastwood, sa grimace de dur et son poncho

A bord du Darjeeling Limited, Wes Anderson

Affiche - Darjeeling LimitedLong métrage américain, sorti en 2007, avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman…

Genre : Comédie, drame

Synopsis

Trois frères qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l’Inde afin de renouer les liens d’autrefois. Pourtant, la « quête spirituelle » de Francis, Peter et Jack va vite dérailler, et ils se retrouvent seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie… Dans ce pays magique dont ils ignorent tout, c’est alors un autre voyage qui commence, riche en imprévus, une odyssée qu’aucun d’eux ne pouvait imaginer, une véritable aventure d’amitié et de fraternité…

Mon avis

Film sympa et drôle sur un trio fraternel qui a une tendance à l’autodestruction et à l’éparpillement spirituel. Il sont touchants et un vent de bon augure souffle sur leur aventure. J’ai beaucoup apprécié cette recherche spirituelle. Il y a bien ce côté rocambolesque et saugrenu des films de Wes Anderson qui rend le film singulier et rafraîchissant.

Pacific Rim, Guillermo Del Toro

Affiche - Pacific RimLong métrage américain, sorti en 2013, avec Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi…

Genre : Action, science fiction

Synopsis

Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les «Kaiju», ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju. Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau (Charlie Hunnam) et une jeune femme en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manoeuvrer un Jaeger d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente…

Mon avis

J’avais beaucoup hésité à aller voir ce film quand il est sorti au cinéma. Finalement je n’y suis pas allée, me disant que ça suffirait bien d’emprunter un dvd quelque part. Eh bien pour une fois, j’aurais dû !

Pacific Rim est typiquement le genre de film pour lequel j’ai du mal à argumenter un quelconque avis. Mon sentiment à son visionnement n’est pas objectivement définissable, je ne saurais dire si c’était bon ou pas et je m’en moque un peu. Parce que c’était un ÉNORME kiff. Au moment du générique j’étais excitée comme une puce et étais à deux doigts d’applaudir à tout rompre comme devant un bon spectacle. C’est simple : Pacific Rim c’est un divertissement de folie avec des images grandioses, faites pour impressionner, dans la démesure poussée à l’extrême et avec un certain humour (parce qu’on a rarement l’idée de faire dégommer un dinosaure avec un pétrolier si on n’a pas un minimum le sens de l’humour). Voilà le verdict : un divertissement qui m’enthousiasme totalement et qui vaut le coup d’être vu sur grand écran. Pour le spectacle.

Mad Men – Matthew Weiner

Mad men

Année de production : 2007. Série américaine (6 saisons, en cours)

Genre : Historique. Drame.

Créée par : Matthew Weiner

Avec : Jon Hamm, John Slattery, Elisabeth Moss, Vincent Kartheiser, Christina Hendricks…

Synopsis :

Dans le New York des années 60, Don Draper est l’un des grands noms de la pub. Maître manipulateur, il compte dans son entourage des ennemis qui attendent sa chute.

Mon avis

Mad Men c’est le genre de série que les profs de communication bien informés conseillent à leurs étudiants : quoi de mieux en effet pour étudier l’avènement de la publicité que d’en voir un genre de reconstitution à travers la vie d’un publicitaire talentueux des années 60 ? On assiste en avant première à la conception de publicités mythiques, telle que celle des cigarettes Lucky Strike (« It’s Toasted »). Au delà de la vie de bureau et de la création de slogan, c’est toute une époque qui se dessine, avec ses moeurs, ses mentalités, ses costumes, les évènements historiques qui la parcourent, et qu’on n’a pas forcément envie de revivre.

C’est d’ailleurs la première chose qui m’a marquée, dès le premier épisode : Peggy Olson vient d’être engagée comme secrétaire à l’agence et dans la minute qui suit son arrivée, elle subit des remarques machistes et est harcelée par ses collègues masculins. En plus du sexisme, on notera l’homophobie et le racisme latents. Le traitement des personnages féminins est aussi très intéressant : depuis la figure de la mère au foyer, soucieuse de son apparence, mais pas moins névrosée, jusqu’à la nouvelle employée qui essaie de se faire sa place dans un monde d’hommes qui ne veut pas d’elle malgré ses compétences, fortes ou faibles les caractères sont bien dessinés. Les hommes n’en sont pas en reste. Don Draper, charismatique, séduisant, compétent, adultère, alcoolique et désabusé, dissimule ses failles intimes, alors même qu’il est l’un des instigateur de la vente du rêve américain et du bonheur via la consommation. L’écart entre ce bonheur qui s’élabore et la réalité de la vie de ceux qui le créent est flagrant et c’est ce qui rend cette série si fascinante. D’une certaine façon elle montre l’aliénation des hommes et des femmes par ce qu’ils font et sont. L’image reste ce qu’elle est : une illusion qui ne tarde pas à s’effondrer.

Même si je ne l’ai pas vue en entier, il n’y a aucun doute : cette série est excellente. J’adore à la fois ce qu’elle montre et ce qui est dit entre les lignes : la tyrannie, l’obsession des apparences, l’aliénation des identités…

Blast, 1. Grasse carcasse – Manu larcenet

Couverture - Blast 1

Marnu LARCENET

Blast, 1. Grasse Carcasse.

Editions Dargaud, 2009.

204 pages.

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Présentation de l’éditeur

Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de lard et d’espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore. Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi. Je pèse lourd. Pire qu’un cheval de trait. Pire qu’un char d’assaut.

Je pèse lourd et pourtant, parfois, je vole.

Mon avis

Le début de l’intrigue pourrait avoir un gout de déjà vu : dans une salle d’interrogatoire, deux policiers asticotent un suspect. Seulement, ce suspect est Polza Mancini, un type obèse qui dégoute les deux flics. Et il faut y aller doucement sinon Polza risque de se fermer et ils ne pourront plus rien en tirer. Polza est pourtant déterminé à tout leur raconter. Tout. Depuis son enfance que la mort de son père a fait ressurgir, et la fuite qui l’a soudain pris, une fuite ou une recherche, celle du Blast.

« J’étais suspendu… entre ciel et terre, j’étais mis au monde une seconde fois… J’étais léger… moi ! C’était limpide… Je voyais le monde tel qu’il était et non tel que je le pensais… Et non seulement j’en faisais partie, mais j’en étais la nature même… l’origine. J’ai entrevu un mon illimité débarrassé de toute morale… Et c’était magnifique. »

Polza Mancini n’est pas un héros très charismatique. Il est gros, lourd, il boit beaucoup de whisky et se contente de manger des barres chocolatées. Mais il a réussi à atteindre le Blast, et le récit de cette recherche et de cette suspension au Blast est époustouflant. La couleur dominante est le noir. Le noir de l’encre de chine qui a servi à tous les les dessins. Malgré la finesse des traits, cette noirceur est lourde, oppressante. On dirait qu’elle emprisonne le personnage qu’elle le lie à la terre. Pourtant ça ne l’empêche pas de montrer certaines beautés de cette terre, les feuillages de la forêt la nuit ou le vol d’une chouette. Et puis d’un coup, il y a ces dessins d’enfants qui explosent de couleurs, tout comme le Blast explose, qui illuminent d’un coup la page et suspendent le personnage dans cette sensation de magnificence.

Je m’attendais un peu à cette lecture. J’avais déjà entendu parlé de la série et j’avais une vague idée de ce qu’on allait me montrer. Si je n’ai pas vraiment été surprise, j’ai été émerveillée par le procédé. Et surtout très impressionnée par l’œuvre générale. Le temps d’une lecture, j’ai été suspendu dans un monde qui ressemble au mien sans l’être vraiment et j’ai adoré ça !

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