Le marin américain – Karsten Lund

Couverture - Le marin américain

Karsten LUND

Le marin américain (traduit par Inès Jorgensen)

Editions Babel, 2011.

407 pages.

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Présentation de l’éditeur

En l’an 1902, un trois-mâts norvégien fait naufrage à la pointe du Danemark, au large de Skagen, un village de pêcheurs. Le seul survivant, un marin d’origine américaine aux cheveux et aux yeux noirs, est hébergé chez une jeune femme, dont le mari est en mer, et disparaît au matin. Neuf mois plus tard, elle met au monde un enfant aux cheveux et aux yeux noirs.

Bien des années après, le petit-fils de celui qui toute sa vie fut surnommé « l’Américain » entreprend un voyage destiné à éclaircir l’énigme familiale.

Situé à la pointe septentrionale du Jutland, là où deux mers se rencontrent, Skagen est une communauté de gens simples vivant dans la ferveur d’un strict protestantisme luthérien. Mais ce paysage lunaire, balayé par les sables, qui inspira une école de peintres danois à la fin du XIXe siècle, abrite tout aussi bien des passions impétueuses qui se révèlent avec lyrisme et une douce ironie dans cette saga nordique d’un amour arraché à la nuit à la tempête et à l’oubli.

Récompense : Prix Gens de mer – Etonnants Voyageurs 2009.

Mon avis

« C’est ici que se termine la route, comme le dit la chanson, ici, où se rencontrent deux mers et le monde entier, le voyage prend fin. Ici nous sommes forcés de faire front et de parler vrai. »

Pour ce roman, nous sommes à Skagen, la pointe nord du Danemark. La mer et les dunes avec deux phares pour point de repère en sont le paysage. Esben retourne sur les lieux de son enfance, là où il a passé tellement de temps avec son grand-père, pour éclaircir une bonne fois pour toute l’énigme familiale, celle que tout le monde tait, qui est devenue une légende, mais qui est tout de même gravé sur son visage. C’est le mystère qui entoure la naissance de son grand-père, un homme avec cheveux et yeux noirs dans une famille de blonds aux yeux bleus, et la disparition de son père biologique sans laisser de traces. Pour ça il va remonter loin dans le temps, depuis l’époque où son arrière-grand-mère désespérait de ne pas avoir d’enfant et où son arrière-grand-père pêchait dans un bateau à voile depuis les dunes.

La fresque familiale se déploie sur tout le XXème siècle, décrivant l’ascension sociale d’une famille et la métamorphose d’un monde influencé par le progrès et les évènements de la grande Histoire. On assiste notamment à l’évolution des méthodes de pêche, depuis le voilier aux quotas, en passant par un âge d’or, avec des pêches miraculeuses de l’Angleterre à l’Islande. Le roman s’attarde sur le drame familiaux, depuis le tout premier, celui qui mène à la naissance Tonny, ce garçon au physique si différent, jusqu’à sa mort. Les liens entre les personnages sont aussi exploités, notamment celui très fort qui existait entre le grand-père et son petit-fils. Il est aussi intéressant de voir comment la naissance de cet enfant illégitime a été accepté par la famille : sa mère refusait de baisser les yeux, de se sentir coupable de ce bonheur qui a fini par lui arrivé, et son père l’a juste accepté comme son propre fils. Cette naissance n’a pas été un handicap, Tonny aura grandi avec, se posant de multiples questions, sans forcément les résoudre, malgré les rumeurs et la légende qui a commencé à se former autour de sa personne.

 Le narrateur donne beaucoup de détails sur la vie de ses arrière-grands-parents et sur celle de son grand-père, moins sur celle de sa propre mère, mais il ne peut faire l’impasse sur sa propre vie, celle qu’il a mené en tant qu’héritier des gènes du naufragé. Ce roman est emprunt de nostalgie. Et surtout il est difficile de ne pas faire abstraction des traces de l’ancien temps qui demeure, la légende qui habite la lande, les vieux réflexes de marin pêcheur qui demeurent malgré les nouvelles technologies, tout ça crée un monde que nous pénétrons et qui nous passionne.

En effet, il est très intéressant d’en apprendre autant sur la vie des premières générations, notamment la manière dont ils ont profité de l’évolution de la ville et de la région pour grimper quelques échelons sur l’échelle sociale. La vie du narrateur qui nous est raconté sur la fin m’a semblé moins intéressante, peut-être parce qu’il y a beaucoup d’introspection. Il raconte comment il met à jour le secret familial, mais surtout comment avant il a construit sa vie autour de ce mystère et d’un drame auquel il a assisté en tant qu’adolescent.

J’ai passé un moment très agréable avec cette lecture. Le paysage de Skagen m’apparaissait vraiment fascinant, tout comme l’est cette histoire de famille.

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