Origine – Diana Abu-Jaber

Couverture - Origine

Diana ABU-JABER

Origine (traduit par Edith Ochs)

Editions Sonatine, 2010

500 pages

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Présentation de l’éditeur

Syracuse, Etat de New-York. L’hiver est terrible, la ville est sous la neige, battue par les vents glacés. Lena, experte en empreintes digitales, travaille à l’unité scientifique de la police. C’est une jeune femme renfermée, à l’équilibre fragile, qui, en dépit de compétences exceptionnelles, préfère rester dans l’ombre et se consacrer aux cas de violence faites aux enfants, conséquence peut-être d’un passé tourmenté. Orpheline trouvée dans d’étranges circonstances à l’âge de deux ans, Lena ignore en effet tout de ses origines.

Son parcours croise un jour celui d’Erin Cogan, dont le bébé vient de décéder. Les médecins ont diagnostiqué une mort subite du nourrisson, la mère ne les croit pas. On a tué son fils, elle en est sûre. Bien vite, le doute s’insinue aussi dans l’esprit de Lena, qui découvre un nombre anormal de cas similaires dans la région. Y aurait-il vraiment un serial killer qui s’attaque aux bébés ? Plus étrange encore, Lena sent confusément que l’énigme de ses origines est lié à Erin et aux meurtres des enfants. Parviendra-t-elle à reconstituer son histoire et à percer le sombre secret de ses origines ? Malgré la pression de la presse qui s’empare de l’affaire, malgré les menaces qui pèsent sur sa vie, Lena ira au bout d’une enquête passionnante.

Mon avis

Lena est technicienne de laboratoire. Elle relève et analyse les empreintes d’objets rapportés de scènes de crime. Son statut lui empêche d’aller sur le terrain, car cela et la rencontre avec les victimes compromettraient son point de vue objectif de scientifique. Pourtant, quelques années plus tôt, son chef l’a emmené sur une scène de crime car l’enquête piétinait. Grâce à son intuition, Lena avait trouvé de nouveaux éléments qui ont permis de trouver le coupable. Ayant connaissance de cette réussite, c’est elle qui vient trouver Erin Cogan quand elle cherche à exposer ses soupçons sur la mort de son fils. L’enquête a conclu à une mort subite du nourrisson (MSN), mais Erin est persuadé que quelqu’un a tué son enfant. Lena est touché par sa douleur, mais elle ne croit pas tout de suite à un tueur. Quand d’autres cas sont signalés et que les berceaux envahissent la salle des scellés du laboratoire, elle s’interroge, sentant confusément que ces morts sont liées à son passé. A trois ans, elle a été recueillie par Pia et Henry, mais ceux-ci ne l’ont jamais adoptée. Avant son arrivée dans leur famille, elle a des images de forêt, de singes et d’oiseaux. Elle est persuadée d’avoir été recueillie par une famille de singe quand elle était bébé à la suite d’un accident d’avion. Elle a d’ailleurs conservé une dent accrochée à une chaîne comme une sorte de porte-bonheur.

L’auteur a construit des personnages intéressants et complexes. Lena est fascinante. Elle est un peu asociale, vit dans un immeuble délabré. Sa sensibilité la rend touchante et j’ai beaucoup apprécié suivre l’enquête qu’elle mène, dans son passé, auprès de sa famille, et sur les maisons hantées par la mort des bébés. Elle est secondé par l’inspecteur Keller Duseky. Lui-même semble droit et courageux, la fine fleur des inspecteurs, cordialement méprisé par Charlie, le mari de Lena dont elle est séparée depuis quelques années. Mais ce dernier révèle un étrange attachement pour Lena et une profondeur inattendue.

Syracuse est prise dans l’hiver. Cette omniprésence de la neige et du froid recouvre le roman d’une atmosphère glaçante, étouffante. Tout nous est raconté par les yeux de Lena. Elle est au centre de l’action et pourtant elle voit d’une manière assez froide, plongée dans son propre monde intérieur. Son histoire est troublante.

J’ai beaucoup aimé ce roman, un thriller loin de l’action trépidante, en plongée dans l’intériorité d’une femme effacée, avec ses traumatismes, mais bien décidée à trouver le fin mot de l’histoire, de son histoire. Le manque d’action de m’a pas gênée. J’ai été bercée par l’écriture, fascinée par la personnalité de Lena, sa manière d’être touchée par ce qui l’entoure, ses sens aiguisés, son intuition animale. Ce n’est pas un livre haletant et trépidant, mais, malgré quelques longueurs, il n’en est pas moins envoutant.

ABC thriller polars

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