Les Annales du Disque-Monde, 3. La Huitième fille – Terry Pratchett

Couverture - La Huitième fille

Terry PRATCHETT

Les Annales du Disque-Monde, 3. La Huitième fille

(traduit par Patrick Coulon)

Editions Pocket, 2014

221 pages

Collection Fantasy

Présentation de l’éditeur

Sentant venir sa mort prochaine, le mage Tambour Billette organise la transmission de ses pouvoirs, de son bourdon, de son fonds de commerce. Nous sommes sur le Disque-Monde. La succession s’effectue de huitième fils en huitième fils. Logique. Ainsi opère le mage. Puis il meurt. Or, il apparaît que le huitième fils est cette fois… une fille. Stupeur, désarroi, confusion : jamais on n’a vu pareille incongruité. Trop tard, la transmission s’est accomplie au profit de la petite Eskarina…


« La présente histoire parle de magie : où va-t-elle ? Et principalement, d’où vient-elle et pourquoi ? Mais elle ne prétend pas pour autant répondre à tout ou partie de ces questions.

Peut-être permettra-t-elle, cependant, d’expliquer pourquoi Gandalf ne s’est jamais marié et pourquoi Merlin était un homme. Parce que la présente histoire parle aussi de sexe, mais probablement pas dans le sens athlétique, acrobatique, comptez-les-jambes-et-divisez-par-deux du terme, à moins que les personnages n’échappent totalement au contrôle de l’auteur. Ils en seraient parfaitement capables.

En tous cas, la présente histoire parle surtout d’un monde. Le voici qui arrive. Ouvrez bien les yeux les effets spéciaux sont hors de prix. »

Après la transmission des pouvoirs et la mort du mage, Mémé Ciredutemps, la sorcière locale, conseille au père d’Eskarina de lui cacher ses pouvoirs et cet héritage encombrant – enfin surtout le bourdon, sorte de bâton de mage qui fait sa vie propre et qui refuse de se laisser détruire ou brûler. Et quand les pouvoirs d’Eskarina font finalement jour, Mémé a beau lui enseigner l’art d’être sorcière, la « mauvaise magie », la magie de mage se fait trop forte. Mémé entreprend alors un voyage avec Eskarina jusqu’à l’Université de l’Invisible à Ankh-Morpork afin qu’elle fasse son apprentissage malgré son statut de fille.

Après les aventures de Rincevent et Deuxfleurs, je me plonge dans un nouveau cycle des Annales du Disque-Monde. Ici, l’histoire commence à Troudhuc (je n’ai qu’un souvenir vague de l’orthographe de ce lieu désormais célèbre du Disque-Monde), auprès d’une petite fille et d’une sorcière, et d’une flopée de personnages secondaires délicieux comme Terry Pratchett sait si bien les décrire : sorcières, mages, apprentis mages, marchand et bateleurs divers et variés. Eskarina est une petite fille, de huit ou neuf ans, huitième enfant d’un huitième fils. Elle grandit en se disputant avec ses frères et en grimpant aux arbres. Mémé Ciredutemps est la sorcière officielle de Troudh’uc (??). Elle n’a jamais quitté sa campagne, tient la profession de sorcière en haute estime et déteste cordialement les mages.

Suivre leurs aventures, c’est l’occasion pour le lecteur de suivre l’enseignement de Mémé, d’apprendre quelques trucs de sorcellerie (la têtologie par exemple), de découvrir encore de nouveaux peuples du Disque-Monde, et de s’apercevoir qu’ici comme ailleurs, les traditions, c’est dur de s’en défaire ! Ainsi, les personnages opposent sans cesse la magie, « noble », réservée aux hommes, à la sorcellerie, pratiquée par les femmes, plus proche de la nature. Parce que c’est impossible, mais surtout parce que c’est la tradition. Et si Mémé ne veut pas en démordre au début, elle est la première à encourager Eskarina à intégrer l’Université de l’Invisible, cette école réservée aux mages.

Comme l’annonce l’auteur dès les premières pages du roman, ce roman va parler de sexe. Ou plutôt de l’inégalité entre les sexes telles qu’elle est entretenue sur le Disque-Monde par ceux qui pratiquent la magie. Terry Pratchett va alors  se faire une joie de démanteler tous ces clichés du machisme et ces traditions sexistes, de manière fine, et toujours avec ce ton délicieusement drôle.

Il m’a semblé que l’humour, justement, était moins fracassant que dans les premiers tomes. Il se distille dans la façon de raconter les choses, et est moins dans les choses ou les situations elles-mêmes. Ce qui n’en est que plus agréable. L’histoire est bien construite, sans pause dans l’action ou les aventures des personnages.

Ainsi, La huitième fille est un roman intelligent et plaisant, qui sous ses dehors légers possède un message anti-sexisme assumé et suffisamment bien amené pour qu’on y adhère sans le trouver lourd. Pour la faire courte, c’est génial et j’ai adoré !

ABC Imaginaire 2015 v2

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